ENLIVREZ-VOUS !

"Moins que zéro", de Bret Easton Ellis

Clay rentre à L.A. pour les vacances d'été après une année dans une université du New Hampshire. Il y retrouve son ancienne petite amie, ses amis de lycée, et la chaleur suffocante du désert.

Il ne se passe pratiquement rien, dans ce premier et court roman de Bret Easton Ellis : les soirées alccolisées succèdent à des journées de torpeur estival e, et l'on s'ennuie fort en compagnie de cette jeunesse dorée et désabusée dont les excès n'intéressent personne.

La lecture de "Moins que zéro" a donc un effet hypnotique légèrement endormant, qui anesthésie les sentiments, jusqu'au moment où, 10 pages avant le point final, l'histoire bascule et les horreurs s'enchainent brutalement. Prostitution, snuff movies et viol collectif nous agressent en bloc, et l'on voit la face cachée derrière la surface polie de la jeunesse hollywoodienne, qui va chercher le divertissement jusque dans la transgression des interdits les plus fondamentaux.

Du coup, je ne sais que penser de ce roman, qui m'a laissée complètement nauséeuse !
C'est l'effet Bret Easton Ellis, je crois...

Milou

"Les faux monnayeurs", André Gide

  Deux amis, Bernard et Olivier, prennent des destins différents à la suite du bac. Chacun d'entre eux suivra un mentor durant l'été et découvriront l'amour et la jalousie. L'oncle d'Olivier, Édouard, a embauché Bernard comme secrétaire à la suite d'un fugue que le jeune homme a faite et prend des notes sur son futur roman. De jeunes "faux-monnayeurs" l'inspireront lors de ses recherches...

  J'ai du relire ce classique du XX° siècle dans le cadre d'un cours, et j'y ai à nouveau pris énormément de plaisir. Le style de Gide, ses interruptions pour nous livrer ses sentiments sur les personnages comme la construction du livre forment un rythme entraînant et agréable. Les multiples intrigues enrichissent l'histoire sans la rendre confuse, et la psychologie des protagonistes est décrite avec finesse.

  Un très beau roman qui nous plonge dans les méandres amoureux et culturels du Paris des années 20.

Céline

"Notre besoin de consolation est impossible à rassasier", Stig Dagerman

  Ecrit en 1952 par un auteur suédois qui se donnera la mort deux ans plus tard, ce petit texte de 20 pages parle avec puissance de la condition désespérée de l'être humain. Poésie en prose comme essai, il questionne les grandes incompréhensions de la vie, de l'impossible liberté à la faim inassouvie de consolation. L' écrivain déchiré fait part de ses doutes, de sa peur de ne jamais être à la hauteur dans l'art et d'être prisonnier des performances attendues de l'homme.

  J'ai découvert Stig Dagerman lors d'un concert des Têtes Raides à Paris avec ma soeurette, durant lequel Christian Olivier a fait une lecture en musique de ce livre. Une très belle performance qui prouve que la littérature et la chanson flirtent avec succès ! Si vous voulez en regarder une partie, passez faire un tour sur le blog des Têtes Raides... La voix profonde et chaude du chanteur rend avec justesse et force la beauté déchirée du texte.

  Pour ceux qui préfèrent découvrir les mots dans le silence, n'hésitez pas à lire ce témoignage d'un homme qui cherchait "une consolation qui soit plus qu'une consolation et plus grande qu'une philosophie, c'est-à-dire une raison de vivre."

Céline

Oups, taguées !

  On n'a pas pu y échapper ! Nous voilà taguées par Brize... Une petite note donc sur les habitudes de lecture des soeurettes, Céline et Milou

Où et quand lisons-nous ?

Céline : Partout, tout le temps. Surtout dans des endroits improbables. Mais petite préférence tout de même pour les terrasses ensoleillées des cafés, les petits bouts de gazons citadins ou une balancelle à la campagne.

Milou : Avec mon rythme de vie à la parisienne, je profite surtout des moments de transports pour lire... Mais je ne peux pas m'endormir sans lire au moins 2-3 pages !

Comment choisissons-nous nos lectures :

Céline : Je fais une razzia de nouveautés quand je travaille en librairie (comme job d'étudiant), et suis pas mal les conseils d'une collègue très avisée ! Sinon, je me tourne vers les auteurs que j'aime, les goûts de mes amis, les notes des blogueurs et bien sûr... Celles de ma soeurette !

Milou : Depuis que nous avons commencé à blogguer, je ne manque jamais de lectures en effet :-) Cette année, ma plus grande source de nouveautés fut mon collègue et ami Sébastien. Merci encore Seb !!!

Nos styles de lecture :

Céline : J'aime surtout les romans, en tout genre, pleins d'imagination et d'émotion. Petit faible pour les contemporains anglo saxons (les français parlent trop d'eux). J'apprécie aussi la poésie, et j'adore avoir toujours un bon polar sous la main.

Milou : Ben oui, moi c'est pareil... du ROMAN et rien que du ROMAN. Je crois que nous tenons ça de notre Dad, qui a toujours soutenu qu'il y avait plus de vérité dans un roman que dans la plupart des témoignages et "histoires vraies". Pour un scientifique, c'est un comble tout de même ;-)

Ce que nous attendons de nos lectures :

Céline : Qu'elles m'emportent dans un monde parallèle, me surprennent, me touchent là où les gens ne m'atteignent pas, me parlent de moi (je suis un peu égocentrique :-) )...

Milou : M'échapper, rêver... m'enlivrer ! Lire me donne de l'oxygène, je ne pourrais pas vivre sans.

Nos petites manies :

Céline : Trier et  inventorier ma bibliothèque : la regarder et soupirer de fierté et d'envie !  Renifler les pages des livres, et caresser leurs couvertures quand je suis triste de les avoir déjà fini ! Et puis, en avoir toujours un sûr moi, au cas où.

Milou : A l inverse, passer mes livres préférés à mes amis... et oublier que je les ai possédés un jour ! Ce blog me sert aussi de mémoire ;-)

Cette note terminée, à nous de taguer en toute bonne conscience ! Nous appelons donc, s'ils le désirent, Loïc, Aliénor, Ariane et la petite famille de Lectures et Cie à répondre à ces questions !

A bientôt,

Les soeurettes

The inner life of... Paul Auster !

  A Bruxelles, hier soir, quelques 1800 veinards ont pu rencontrer Paul Auster à l'occasion de l'avant première de son film The inner life of Martin Frost... Mon homme et moi étions de la partie ! Pour ne rien gâcher, cet évènement se déroulait au Palais des Beaux Arts, décor parfait, et pour vraiment être bluffés, sa femme, Siri Hustvedt, l'accompagnait...

  Tout excités, nous avons d'abord assisté à une interview de l'homme en direct, durant laquelle il nous a régalés d'anecdotes sur sa timidité, son rêve de devenir cow-boy, Mr Bush et j'en passe... Suspendue à ses lèvres - il est vraiment TRES beau, mais surtout, en anglais, il faut que je me concentre - , je n'ai pas vu la demie heure passer... La projection du film a débuté, la salle en feu applaudissait à chaque nouveau nom apparaissant sur le générique ! Le film était sympathique et esthétique : on y reconnait très vite la patte de Paul Auster, ses thèmes favoris sur l'écriture, le destin, la fusion du rêve et de la réalité et bien sûr, les femmes ! Sa fille, Sophie Auster, nous régale de sa voix et de son joli minois.

  Quelle famille tout de même ! Ils sont tous beaux, intelligents et d'un sensibilité artistique hors du commun ! A se demander s'ils existent vraiment ! Finalement, la demie heure de file pour obtenir un autographe nous a confirmé leur réalité.

  C'est toujours un peu décevant, ces séances de dédicaces. Depuis que j'ai 17, 18 ans, je me plonge dans l'univers d' Auster avec  fascination, et au fil des romans, une forme d'intimité se crée avec l'auteur. Or, je ne l'ai croisé que quelques minutes, et il m'a paru tout à fait étranger et, ma foi, parfaitement normal (imaginez l'impression que j'ai du lui faire :-) ). Quant à sa femme, je l'ai trouvé très sympathique : elle prend avec humour sa condition d'écrivain femme d'écrivain célèbre !

  Malgré tout, je ne regrette pas cette entrevue : je suis partie avec deux livres dédicacés, des étoiles dans les yeux et un homme toujours amoureux ! Et puis pour retrouver mon cher Paul Auster les yeux dans les mots, il ne me reste plus qu'à attendre la parution de Man in the dark !

Céline

 

"Tours et détours de la vilaine fille" de Mario Vargas Llosa

  Dans les années 50, à Lima, Ricardo tombe fou amoureux d'une vilaine fille, cette petite chilienne qui vient troubler le fêtes adolescentes de la bonne société du Pérou. Mais celle-ci déjà batifole sans se laisser toucher et laisse le "bon garçon" en plan. A Paris, où Ricardo va vivre pour réaliser son rêve, il la retrouvera à de nombreuses reprises sous des identités toujours renouvelées...  En guérillera, femme de diplomate ou encore maîtresse d'un étrange yakusa, Ricardo n'a de cesse d'aimer passionnément sa vilaine fille et fera tout pour la retrouver.

  Ce roman, qui au départ m'a semblé sympathique mais léger, gagne en profondeur et en intensité au fil des pages. Cette histoire d'amour m'a énormément touchée, et j'ai été (une fois de plus !) séduite par le style de Vargas Llosa, sa plume toujours légèrement en retrait de son récit, et sa façon si particulière de nous décrire sobrement des sentiments puissants. Une réserve très agréable lorsqu'il s'agit de passion, et qui nous permet de mieux nous approprier les personnages et leurs vies.

Après la Fête au bouc, qui m'avait bouleversée, Tours et détours m'a conquise : décidement, Vargas Llosa peut s'atteler à tous les sujets !

Céline

"Le syndrome Copernic", de Henri Loevenbruck

Vigo Ravel sait bien qu'il est schizophrène. Ce n'est pas pour rien qu'il se rend chaque semaine au cabinet du Dr Guillaume pour vaincre ses hallucinations auditives.
Pourtant, ce matin du 8 aout, le Tour SEAM de La Défense a bien explosé, quelques secondes après que la voix dans sa tête l'ait convaincu d'en sortir... Et puis, ces hommes en smoking qui le poursuivent, le cambriolage de son appartement, ses parents qui disparaissent brusquement, tout cela ne peut pas être une coïncidence, quand même !
Souffre-t-il, comme a l'air de le penser son nouveau psy, du syndrome Copernic, sorte de paranoïa ? Ou est-il réellement victime d'un complot ? Luttant constamment pour distinguer le réel du fantasmé, Vigo arrête son traitement et mène l'enquête sur sa véritable nature / identité.

Par certains côtés, "Le syndrome Copernic" m'a fait pensé à "Matrix" : difficulté à distinguer le vrai du faux, rébellion d'un groupe de cyber-pirates amoureux de la vérité, manipulation à grande échelle, perte de l'Humanité,...
Ce thriller psychologique et politique est mené de main de maître, et m'a tenue en haleine jusqu'au bout.

Milou