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"Jusque dans nos bras", de Alice Zeniter

   A la veille de son mariage blanc avec son ami d'enfance Mad, malien menacé d'explusion, Alice revient sur ce qui l'a amenée à prendre cette décision. Des jeux de bacs à sable, où la barbie blonde était toujours la princesse, à l'élection de Jean-Marie Le Pen  au premier tour des présidentielles en 2002, en passant par la première fois où elle a entendu le mot "bougnoule" et rit de cette drôle d'insulte, la narratrice tente de nous raconter la Grande histoire du racisme. Cette succession d'anecdotes est aussi l'occasion de faire le portrait d'une génération, celle des jeunes adultes nés dans les années 80, "la génération qui a perdu Bertrand Cantat et découvert la Lituanie par la même occasion, la génération qui n'aura plus de pétrole alors qu'elle commence à peine à s'amuser avec les low-cost, la génération qui ne peut pas accueillir toute la misère du monde..."

 

   A la fois histoire de révolte et d'amitié, Jusque dans nos bras raconte le passage de l'adolescence indignée à l'engagement d'adulte assumé. Ce parcours est narré avec une écriture qui se veut juvénile et rythmée- beaucoup de listes, quelques néologismes, un peu de vulgarité. J'ai dans l'ensemble été emportée par le style et le récit, vivant, drôle, touchant. Si ce livre m'a particulièrement plu, c'est aussi parcequ'il parle de ma génération, et je me suis retrouvée dans de nombreuses anedoctes. Mais surtout, la narratrice m'a profondément touchée dans sa révolte -portée par une grande tendresse pour l'humain- contre une France protectionniste qui oublie trop souvent  l'accueil et l'amour l'autre.

 

  Une voix originale, tendre et révoltée à la fois...

 

Céline

"The terrible privacy of Maxwell Sim", de Jonathan Coe

   A 48 ans, Maxwell Sim semble avoir touché le fond : sa femme l'a quitté, emmenant avec elle leur fille, et malgré ses 74 amis sur facebook, il réalise qu'il n'a personne avec qui partager ses pensées. Il ne parvient à instaurer une relation d'intimité et de confiance avec personne et ne trouve que peu de sens à son existence. Lorsqu'il se voit proposer un voyage commercial qui devra le mener à l'extrémité du Royaume-uni, il n'hésite pas à accepter. Mais ce périple va le pousser à en apprendre plus sur sa personne et sur son passé...

  Jonathan Coe nous raconte ici l'histoire d'un homme à la dérive, souffrant d'une immense solitude dans notre société où la communication semble pourtant si accessible. Ces 300 pages se présentent comme une longue introspection du narrateur : parfois drôle, souvent cynique, toujours touchante. Pourtant, je n'ai pas retrouvé dans ce roman un récit aussi poignant que ceux auxquels l'auteur m'avait habituée (notamment La pluie, avant qu'elle ne tombe, très fort de bout en bout) ; et je ne me suis jamais sentie pleinement concernée par le destin du héros. Une légère déception donc pour ce nouveau Jonathan Coe...

Céline

"Robe de marié", de Pierre Lemaître

   Sophie est une jeune femme comblée et épanouie : un métier passionant, un mari aimant. De jour en jour pourtant, de curieux évènements viennent perturber son quotidien : perte d'objets, oublis récurents, confusions de dossiers, trous noirs... Jusqu'au moment où les morts et les accidents s'accumulent dans son entourage. Sophie semble basculer dans la folie, mais tente tout pour assurer sa survie. Un question la hante cependant en permanence : serait-elle une meurtrière ?

  Le scénario de ce thriller psychologique est très bien ficelé et nous tient en haleine jusqu'à la dernière page... Pierre Lemaître nous plonge dans les méandres d'un esprit dérangé et dans une histoire sombre et angoissante. Très bien mené, tant dans son écriture que dans l'agencement des faits, ce court roman se dévore avec plaisir et palpitations. La chute est par contre un peu bâclée, dommage !

Céline