ENLIVREZ-VOUS !

"Comme un roman" de Daniel Pennac

  Décidément, j'aurai aimé l'avoir comme professeur ce Pennac ! Dans cet essai, il nous raconte comment le plaisir des mots et des contes s'est transformé en dogme : "il faut lire". De la joie qu'éprouve l'enfant à écouter des histoires à l'angoisse de l'adolescent devant un pavé de 500 pages, il cherche l' erreur... Et donne des réponses ! Affirmer que la lecture est temps volé, errance, divertissement même est peut-être la seule manière de rendre le goût des mots à tous ceux qui l'on perdu en chemin. Car comme il le dit si bien : "Le verbe lire ne supporte pas l'impératif".

  Ce petit livre emprunt de cette simplicité et de cet humour si propres à l'auteur décrit avec finesse les grandes erreurs pédagogiques commises quant à lecture. On en a surtout retenu les excellents "droits imprescriptibles du lecteur", mais le développement est tout aussi intéressant.

  Un joli essai qui se dévore "comme un roman"...

Céline

"L'aube, le soir ou la nuit", Yasmina Reza

  Pour la première fois, je me permets d'émettre un jugement sur un livre que je n'ai pas achevé. Intriguée par l'évènement de cette sortie, j'ai tenté d'en parcourir les pages avec objectivité. J'ai été atterrée! Comme vous le savez sûrement, Yasmina Reza a décidé de suivre Nicolas Sarkozy pendant l'année de sa campagne présidentielle et d'écrire un livre à ce sujet. 

  Par delà mes divergences d'opinions avec notre président, je crois pouvoir affirmer que ce livre est un échec, tant d'un point de vue littéraire que politique! Persuadée à l'avance de son succès (il suffit de savoir choisir son sujet!), l'auteur n'a même pas pris la peine de structurer ses réflexions et annotations, qu'elle nous impose à l'état brut. Quant à l'intérêt politique, vous n'en trouverez aucun, mais vous apprendrez avec ravissement que ce cher Nicolas a quitté Lanvin ("Lanvin, c'est le must, mais il faut réajuster".) pour Dior, qu'il étreint Christian Clavier en public (que c'est beau, ces démonstrations affectueuses!) et qu'il ressemble à un petit garçon.

  Si ce n'est pour satisfaire une curiosité malsaine, je ne comprends vraiment pas l'engouement général pour ce livre. Et puis, pour connaître la vie intime des "stars", il y a déjà Paris match, Gala etc, alors, jetons un plutôt un œil à la rentrée littéraire...

Céline

"Trois Chevaux" de Erri de Luca (5/5)

Un homme rentre en Italie après de longues années passées en Argentine. Il est jardinier. Il rencontre une femme et entame son « 3^ème chevaux » (la vie d’un homme équivaut à celle de 3 chevaux).

Je pensais lire une description poignante des horreurs de la dictature en Argentine, je tombe sur une sorte de conte d’une poésie sans précédent. Il m’a fallu une deuxième lecture tellement je ne m’attendais pas ça !

Erri de Luca narre la vie d’un homme de manière toute simple, toute nue, et donne à chaque geste quotidien une étrange intensité. Lorsque l’on lit « Trois chevaux », notre respiration ralentit, et on est envahit d’une sorte d’apaisement, mêlé d'une pointe d’angoisse.

Un livre qui touche au cœur.

Merci à Ludo pour ce conseil de lecture si avisé !

Milou

"Soie", de Alessandro Baricco

  France, XIX° siècle.

  Hervé Joncourt mène auprès de sa femme une vie pleine de sécurité et de sérénité. Son commerce d'élevage de vers à soie lui assure une existence confortable. Mais les problèmes s'annoncent... Une épidémie infecte les oeufs de ses vers précieux, et pour sauver son entreprise, le personnage principal se lancera sur la route vers un pays mystérieux et dangeureux : le Japon. Aux antipodes de la France, naissent des histoires d'amour et de combat impossibles.

  Très méfiante à l'égard des "Best-sellers", j'ai commencé ma lecture sur un ton très sceptique et puis... Je me suis littéralement retrouvée envoûtée par l'onirisme de la forme. Par associations et suggestions, les mots les plus banals se trouvent emprunts d'une beauté inattendue, et Alessandro Baricco répond par la même à la fontion première de la poésie : rendre le quotidien exotique. De plus bien que l'histoire soit courte et répétitive, la simplicité du style n'altère en rien la portée du message.

  Je conseille ce livre aux inconditionnels des contes philosophiques.

Feryal, une amie de Céline

"Lorsque j'étais une oeuvre d'art", d'Eric-Emmanuel Schmitt (3/5)

L'histoire d'un jeune-homme au bord du suicide à qui l'on fait une étrange proposition : devenir une oeuvre d'art. L'avantage, c'est qu'il passera d'insignifiant à exceptionnel. Le problème, c'est qu'il perd officiellement son humanité dans le processus...

Une jolie fable sur l'homme et son besoin de reconnaissance. Avec une critique assez acerbe de l'art contemporain ! Je trouve juste qu' E-E Schmitt aurait pu pousser sa réflexion un peu plus loin, il ouvre beaucoup de questions sans les traiter vraiment.

Bref, un petit roman facile à lire pour les jours ou l'on n'a pas envie de se prendre la tête ;-)

Milou

"Biographie de la faim", d'Amélie Nothomb (4/5)

"Encore un Amélie Nothomb", me direz-vous...

Bien sûr, elle est exaspérante, cette Amélie : elle choisit de reparler de son enfance, reprenant en grande partie l'histoire de "Métaphysique des tubes" et "Le sabotage amoureux"... Bien sûr, on est un peu agacés par son égocentrisme et ses excentricités...

Mais personnellement je suis restée sous le charme. Dans ce livre, tous les événements de sa vie (et donc du monde) sont analysés à travers le concept de la Faim, au sens de désir, de manque et de jouissance. Je me suis laissée emportée par les descriptions de tous ces moments où elle trouve une satisfaction à sa faim, et j'ai hurlé de plaisir avec elle!

Cela restera un temps ma "Première gorgée de bière à moi", mon livre contre la dépression.

Milou