Jack a quatre ans lorsqu'il sillonne les ports de la mer du Nord avec sa mère tatoueuse, à la recherche de son père fugueur. Ce dernier est un organiste de talent, accro aux tatouages et coureurs de jupons... Mais leur quête s'avérant impossible, Jack et sa mère s'installent au Canada, où le garçon débute son éducation dans une école de filles...
C'est d'ailleurs dans un univers presque entièrement féminin qu'il grandira. Il sera abusé par des femmes plus âgées en même temps qu'il apprendra à jouer de son joli minois pour en séduire d'autres. Sans compter bien sûr Emma, lutteuse et conteuse de talent qui lui fera office de grande soeur, de guide, et de port d'attache.
Jack évolue avec la crainte permanente d'être identifié à son séducteur de père, tout en s'efforçant de lui ressembler. Son physique d'androgyne et son identité bancale le conduiront à en composer d'autres et à percer dans le métier d'acteur, où il sera applaudi pour ses rôles de travestis. Jusqu'au jour où il décide de partir à la recherche de son passé et, peut-être, de retrouver son père...
L'écriture de ce roman est une très belle histoire : John Irving, n'ayant lui-même connu son père que très tard, l'a d'abord entièrement rédigé à la première personne. Puis il l'a réécrit à la troisième personne, pour prendre la distance nécessaire et ne pas tomber dans l'autobiographie. Et c'est selon moi cette dynamique entre invention et subjectivité qui rend ce roman d'Irving si touchant. Il a cet aspect de tragédie burlesque propre à ses précédents livres, mais les dépasse tous en émotion et en densité. Je te retrouverai est un conte exceptionnel sur la vie d'un homme, les ambiguïtés de la mémoire, la question de l'identité et de la filiation.
J'ai pleuré en lisant les dernières pages de ce roman qui restera pour moi le grand chef d'oeuvre d'Irving.
Céline
Les commentaires récents