ENLIVREZ-VOUS !

"La justice de l'inconscient", Frank Tallis

  A Vienne, en ce début de siècle, une médium de charme et de talent est retrouvée assassinée chez elle, dans une pièce fermée à clé de l'intérieur. Une note à ses côtes laisse penser à un suicide, le manque d'indice à l'oeuvre d'une force surnaturelle... Mais l'inspecteur Rheinhard va faire appel à son jeune ami psychiatre Max Liebermann pour mettre à nu l'esprit défaillant à l'origine de ce crime.

  Ce polar nous plonge au coeur d'un Vienne où les esprits bouillonnent, l'antisémitisme apparaît, les théories freudiennes font timidement leur preuves et où les café accueillent des débats passionnés. Écrit par un psychiatre, ce livre mêle habilement action et descriptions psychologiques et nous entraîne dans une enquête passionnante sur l'âme humaine.

  Suspense et émotion garantis !

Céline

"Messieurs les enfants", Daniel Pennac

  Vous vous réveillez un matin, et vous constatez que, dans la nuit, vous vous êtes transformé en adulte. complètement affolé, vous vous précipitez dans la chambre de vos parents. Ils ont été transformés en enfants. Racontez la suite.

Tel est le sujet de la punition collective que le tyrannique Crastaing a infligé à Nourdine, Igor et Joseph, trois petits cons de la classe de 5°2. Mais comme le répète si souvent le professeur aigri : "L'imagination, ce n'est pas le mensonge", et la rédaction devient réalité...

  Pennac signe ici une fiction rocambolesque, mais sans jamais choisir de solution de facilité. Pas d'énervante morale (mettez vous un peu à la place de vos parents, le choc des générations ect), pas de prétention pédagogique, non, juste un bon petit roman, touchant et amusant.

  Du Pennac comme on l'aime, débordant d'imagination, à lire sans modération et sans danger de punition !

Céline

Noyeux Joel!!!!

  Nous vous souhaitons à tous d'excellentes fêtes de fin d'années, plein de bouquins sous le sapin et de renversantes lectures en 2008 !

Milou et Céline

"Extrêmement fort et incroyablement près" de Jonathan Safran Foer

  Oskar, petit garçon de 9 ans surdoué et extrasensible, a perdu son père dans les attentats du 11 septembre.  En fouillant dans les affaires du disparu, il découvre une étrange clé... Persuadé qu'elle lui a été légué par son papa, Oskar se lance dans la quête désespérée de la serrure qui lui correspond. Cet étrange jeu de piste dans les rues de New-York va l'amener à faire des rencontres poignantes, et peut-être, le deuil de son père.

  Les réflexions d'Oskar, drôles et émouvantes, sont entrecoupées d'images, de lettres de son grand père, de confidences de sa grand-mère.  Ce roman est  original, tant par sa construction que par son écriture, et traite avec finesse des conséquences du 11 septembre. Sans jamais tomber dans le manichéisme, Safran Foer nous présente une Amérique blessée avec le regard tendrement cynique d'un enfant.

  Un livre saisissant, qui nous arrache quelques larmes et beaucoup d'éclats de rire !

  Céline

"Fury", de Salman Rushdie

Malik Solanka a fuit femme et enfant pour New York, où il tente de soigner sa Furie, de calmer ses démons intérieurs. Il ère dans la ville et se réveille régulièrement en sueur et amnésique. Parallèlement, de jeunes filles de bonnes familles sont sauvagement assassinées, une voisine se prend pour sa poupée, et la fiancée de son meilleur ami provoque des catastrophes par sa simple présence envoutante.

"Fury" parle de la rage qui est en nous : la rage de vivre selon ses propres lois, celle qui bout devant notre impuissance à nous réaliser pleinement, la fureur de devoir se soumettre à des normes qui nous étouffe.
De la peur de cette même rage intérieure, de la terreur qu'elle déborde un jour de nous et devienne incontrôlable.

Ce thème est traité avec génie - et un soupçon de folie - par Salman Rushdie.

Terrifiant !

Milou

"Une gourmandise", de Muriel Barbery

La cuisine française est en deuil : elle est en train de perdre son plus grand critique. Sur son lit de mort, ce maitre incontesté des papilles voue ses dernières heures à une quête un peu particulière : il fouille parmi ses souvenirs de festins pour retrouver son expérience gustative première, celle qui l'a faite homme, et qui peut lui rendre son humanité à l'heure des comptes.

Des pique-nique dans l'herbe aux plats les plus élaborés, des plats en sauce aux sushis, de l'apéritif au dessert, Muriel Barbery nous régale de son style inimitable... On salive et ferme les yeux de plaisir !

Dommage que l'histoire parallèle (celle de l'homme, mauvais mari, mauvais père de famille, égocentrique incorrigible) soit un peu simpliste et vaguement moralisatrice.

Mais cela ne gâchera pas le plaisir des gourmands !

Milou

"Beatriz et les corps célestes", Etxebarria

   A 18 ans, Beatriz fuit Madrid et l'amour malsain qu'elle porte à Monica, dévoreuse d'hommes et manipulatrice de talent. A Edimbourg où elle suit ses études, elle découvrira l'amour tendre dans les bras de Cat, et la passion torride dans ceux d'un homme, Ralph. Mais son cheminement amoureux et personnel n'a de cesse de la rappeler à sa ville d'origine et aux évènements passés...

  Cette histoire sur les errances d'une jeune femme et ses difficultés à s'intégrer dans une société individualiste reste dans le ton de nombreux romans contemporains. Mais si l'originalité n'est pas le propre de cette trame narrative, elle ne fait pas défaut à l'écriture de Lucia Etxebarria. Son style simple et poétique crée des personnages profonds et émouvants et nous offre de jolies réflexions sur le monde qui nous entoure. 

  Un beau roman sur l'amour et ses déboires !

Céline

"Comme un roman" de Daniel Pennac

  Décidément, j'aurai aimé l'avoir comme professeur ce Pennac ! Dans cet essai, il nous raconte comment le plaisir des mots et des contes s'est transformé en dogme : "il faut lire". De la joie qu'éprouve l'enfant à écouter des histoires à l'angoisse de l'adolescent devant un pavé de 500 pages, il cherche l' erreur... Et donne des réponses ! Affirmer que la lecture est temps volé, errance, divertissement même est peut-être la seule manière de rendre le goût des mots à tous ceux qui l'on perdu en chemin. Car comme il le dit si bien : "Le verbe lire ne supporte pas l'impératif".

  Ce petit livre emprunt de cette simplicité et de cet humour si propres à l'auteur décrit avec finesse les grandes erreurs pédagogiques commises quant à lecture. On en a surtout retenu les excellents "droits imprescriptibles du lecteur", mais le développement est tout aussi intéressant.

  Un joli essai qui se dévore "comme un roman"...

Céline

"Voyage au bout de la nuit", de Louis Ferdinand Céline

On entend bien des choses sur Céline : misogyne, antisémite, misanthrope, ... et certainement le plus grand écrivain français du XXème siècle.

"Voyage au bout de la nuit" est librement inspiré de sa vie même. Le roman raconte sa participation à la 1ère guerre mondiale, ses voyages en Afrique et aux États-Unis, sa vie minable de médecin de banlieue, ... jusqu'au bout de la nuit.

Ce qui frappe en 1er lieu dans le livre est le langage : Céline écrit comme l'on parle, utilisant abondamment l'argot et les images. Grâce à ce style, on rentre totalement dans l'action du livre, on vit au rythme de l'histoire.

J'ai également été choquée par les idées mêmes de Ferdinand, héros profondément antipathique et misanthrope : il porte un regard extrêmement noir sur les hommes et le monde en général, considérant que tout est mensonge et pourriture, que la vie n'est qu'une longue mascarade destinée à nous faire oublier que le voyage aboutit à la mort.

Le tout est intense, brillant, et profondément troublant.

Voici quelques extraits pour que vous vous rendiez comte par vous-mêmes :

Sur la guerre :
"Dans ce métier d'être tué, faut pas être difficile, faut faire comme si la vie continuait, c'est ça le plus dur, ce mensonge."

Observant ses voisins qui se couchent :
"On aurait dit des grosses bêtes bien dociles, bien habituées à s'ennuyer. [...] Ils dorment n'importe comment, c'est des gonflés, des huitres, des pas susceptibles, Américains ou non."

Chez une femme en train de se vider de son sang :
"J'étais si obsédé moi-même depuis si longtemps par la déveine, je dormais si mal, que je n'avais plus du tout d'intérêt dans cette dérive à ce que ceci arrive plutôt que cela. [...] Pas grand chose suffit à vous faire plaisir quand on est devenu bien résigné."

Milou