Au lycée de Nagoya, ils formaient un groupe harmonieux et soudé. Bleu, Rouge, Blanche, Noire et Tsukuru étaient inséparables et liés par les mêmes convictions. Tsukuru, l'incolore, est le seul à quitter Nagoya pour suivre une formation d'ingénieur à Tokyo. La petite bande reste soudée malgré tout jusqu'au jour où ses amis rompent brutalement avec lui sans plus d'explication. Brusquement plongé dans les méandres de la dépression, Tsukuru frôle la mort durant plusieurs mois. Seize ans plus tard, il est finalement ingénieur ferroviaire et mène une vie tranquille à Tokyo sans attache particulière. Lorsqu'il rencontre Sarah, il ressent pour la première fois une proximité amoureuse se former. Mais avant de s'engager plus avant dans cette relation, la jeune femme pousse Tsukuru à résoudre le mystère du rejet vécu dans son adolescence.
A la fois enquête et introspection, L'incolore Tsukuru et ses années de pèlerinages nous emmène sur les traces du passé de son héros, qui doit le confronter pour avancer et vivre. C'est un excellent roman sur ce qui nous permet de devenir adulte et les blessures inexorables de l'adolescence. Les relations humaines sont abordées avec beaucoup de justesse, notamment la perception de soi construite à travers les autres. Pour une fois, je n'ai pas eu la sensation que Murakami m’emmenait dans son univers débridé, ses rêves et ses fantasmes pour me planter là sans plus d'explication. Il reste toujours une part de mystère et d'onirique dans ce roman mais elle ajoute du mystère et de la beauté au récit sans nous perdre plus que de raison.
J'ai aimé ce héros qui se croit transparent mais comme qui comme nous tous est composé de multiples facettes, la nostalgie omniprésente, la description de Tokyo immense et solitaire et toutes ces blessures et ces failles qui nous relient les uns aux autres.
Une belle échappée mélancolique et pleine d'espoir qui me réconcilie avec Murakami.
Céline
"Tout ne s'est pas dissous dans le flux du temps.(..) A cette époque, nous croyions avec force à quelque chose, nous avions la capacité de croire avec force. Tout cela n'a pas pu simplement se dissoudre."
"Ce n'est pas seulement l'harmonie qui relie le cœur des hommes. Ce qui les lie bien plus profondément, c'est ce qui se transmet d'une blessure à une autre. D'une souffrance à une autre. D'une fragilité à une autre. C'est ainsi que les hommes se rejoignent. Il n'y a pas de quiétude sans cris de douleur, pas de pardon sans que du sang ne soit versé, pas d'acceptation qui n'ait connu de perte brûlante."
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