On entend bien des choses sur Céline : misogyne, antisémite, misanthrope, ... et certainement le plus grand écrivain français du XXème siècle.
"Voyage au bout de la nuit" est librement inspiré de sa vie même. Le roman raconte sa participation à la 1ère guerre mondiale, ses voyages en Afrique et aux États-Unis, sa vie minable de médecin de banlieue, ... jusqu'au bout de la nuit.
Ce qui frappe en 1er lieu dans le livre est le langage : Céline écrit comme l'on parle, utilisant abondamment l'argot et les images. Grâce à ce style, on rentre totalement dans l'action du livre, on vit au rythme de l'histoire.
J'ai également été choquée par les idées mêmes de Ferdinand, héros profondément antipathique et misanthrope : il porte un regard extrêmement noir sur les hommes et le monde en général, considérant que tout est mensonge et pourriture, que la vie n'est qu'une longue mascarade destinée à nous faire oublier que le voyage aboutit à la mort.
Le tout est intense, brillant, et profondément troublant.
Voici quelques extraits pour que vous vous rendiez comte par vous-mêmes :
Sur la guerre :
"Dans ce métier d'être tué, faut pas être difficile, faut faire comme si la vie continuait, c'est ça le plus dur, ce mensonge."
Observant ses voisins qui se couchent :
"On aurait dit des grosses bêtes bien dociles, bien habituées à s'ennuyer. [...] Ils dorment n'importe comment, c'est des gonflés, des huitres, des pas susceptibles, Américains ou non."
Chez une femme en train de se vider de son sang :
"J'étais si obsédé moi-même depuis si longtemps par la déveine, je dormais si mal, que je n'avais plus du tout d'intérêt dans cette dérive à ce que ceci arrive plutôt que cela. [...] Pas grand chose suffit à vous faire plaisir quand on est devenu bien résigné."
Milou
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