A la veille de son mariage blanc avec son ami d'enfance Mad, malien menacé d'explusion, Alice revient sur ce qui l'a amenée à prendre cette décision. Des jeux de bacs à sable, où la barbie blonde était toujours la princesse, à l'élection de Jean-Marie Le Pen au premier tour des présidentielles en 2002, en passant par la première fois où elle a entendu le mot "bougnoule" et rit de cette drôle d'insulte, la narratrice tente de nous raconter la Grande histoire du racisme. Cette succession d'anecdotes est aussi l'occasion de faire le portrait d'une génération, celle des jeunes adultes nés dans les années 80, "la génération qui a perdu Bertrand Cantat et découvert la Lituanie par la même occasion, la génération qui n'aura plus de pétrole alors qu'elle commence à peine à s'amuser avec les low-cost, la génération qui ne peut pas accueillir toute la misère du monde..."
A la fois histoire de révolte et d'amitié, Jusque dans nos bras raconte le passage de l'adolescence indignée à l'engagement d'adulte assumé. Ce parcours est narré avec une écriture qui se veut juvénile et rythmée- beaucoup de listes, quelques néologismes, un peu de vulgarité. J'ai dans l'ensemble été emportée par le style et le récit, vivant, drôle, touchant. Si ce livre m'a particulièrement plu, c'est aussi parcequ'il parle de ma génération, et je me suis retrouvée dans de nombreuses anedoctes. Mais surtout, la narratrice m'a profondément touchée dans sa révolte -portée par une grande tendresse pour l'humain- contre une France protectionniste qui oublie trop souvent l'accueil et l'amour l'autre.
Une voix originale, tendre et révoltée à la fois...
Céline
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