Benny et Désirée, l'agriculteur et la bibliothécaire qui sont aimés avec tant de passion, se séparent à la fin du Mec de la tombe d'à côté à cause de leurs trop grandes différences. Toujours très amoureux quand même, ils se laissent trois chances, trois seulement, de faire un bébé ensemble... Et ça fonctionne ! L'on passe donc de l'idylle amusante à la vie de jeunes parents à la ferme, les contraintes du quotidien et les difficultés financières. Car le premier bébé et bientôt suivi d'un deuxième, puis d'un troisième, puis...
J'avais laissée Benny et Désirée il y a quatre ans, et je gardais de ce couple un souvenir pétillant et touchant. Ils parvenaient à parler de leur différence avec humour et leur façon de s'aimer malgré tout m'avait paru très belle. Entre temps, j'avais lu Les larmes de Tarzan, et j'avais passé un très bon moment aussi. Parce que j'aime bien Katarina Mazetti, c'est de la chick litt, mais avec des poils et sans verni. Du coup ses écrits me procurent un vrai plaisir, ça réchauffe mon côté fleur bleue sans m'agacer avec des simagrées à la Bridget Jones.
Bon alors forcément, je ne m'attendais pas à trouver 200 pages de récriminations d'un couple débordé par le quotidien, et que plus rien ne lie, si ce n'est les enfants. L'alternance des points de vue qui apportait beaucoup de fraîcheur dans le Mec de la tombe d'à côté n'est ici qu'un prétexte aux reproches et à la frustration. C'est assez éprouvant de venir à bout de ce roman. Ca ne rassure pas sur la capacité d'un couple à tenir sur la durée, à affronter les problèmes main dans la main (quand Bennie et Désirée sont confrontés à l'accident d'un de leur fils, ils passent leurs temps à s'insulter et à se couvrir de reproches plutôt qu'à se soutenir).
Mais surtout je me rends compte que j'ai été assez agacée par cette lecture. J'ai eu un vrai sentiment de décalage, de me retrouver dans une autre époque. Bennie ne sait pas appuyer sur le bouton "on" de la machine à laver, ni même faire cuire un oeuf. Il songe un moment à mettre sa femme enceinte une fois de plus pour qu'elle reste bien sagement à la maison à traire les vaches. Désirée finit par accepter de mettre ses ambitions professionnelles de côté, d'y garder juste un pied et d'attendre que son moment vienne, quand les enfants seront grands. C'est surtout ce dernier point qui m'a choquée, les enfants sont un peu vus comme une fatalité, oui on les aime mais il nous tombe dessus par accident (un accident peut arriver tous, mais trois ????). Alors un petit conseil : quand tu as la tête dans le guidon et zéro moyen financier, prend la pilule !!!
Bref, je ne suis pas parvenue à plaindre nos deux tourtereaux transformés en bobonne et vieux râleur, car j'ai vraiment eu le sentiment qu'ils étaient prisonniers d'une situation dans laquelle ils s'étaient eux mêmes fourrés, et qu'ils ne faisaient rien pour essayer d'en sortir. Trop de récriminations, et pas assez de revendications à mon goût !
Céline
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