Annie Ernaux n'a pas grandi au sein une famille traditionnelle. Sa mère tient une épicerie, son père un café. Pas une mère douce qui reprise et repasse, mais un père qui cuisine, l'attend à la sortie de l'école, lui chante des chansons.
Ses envies et rêves de petite fille n'ont donc pas de limite de genre.
"Mais je cherche dans ma ligne de fille et de femme et je sais qu'une ombre au moins n'est pas venue planer sur mon enfance, cette idée que les petites filles sont des êtres doux et faibles, inférieurs aux garçons. Qu'il y a des différences entre les rôles."
Seulement à l'adolescence, le désir de plaire va transformer son rapport à la féminité. Puis, jeune mariée, bientôt mère, elle va peu à peu, insidieusement se retrouver cantonnée au rôle attribué à la bonne épouse et à la bonne mère. Un petit appartement et une salle de classe comme seul horizon, elle court, coud, cuisine, époussète, lange, borde, corrige ses cours. Pendant ce temps, l'homme travaille, lit Le Monde en pantoufles et joue au golf le dimanche. Comme dans ses dictées de petite fille.
"Naïveté de ma mère, elle croyait que le savoir et un bon métier me prémuniraient contre tout, y compris le pouvoir des hommes."
Faire la sociologie de sa propre vie, voilà la démarche d'Annie Ernaux qui y parvient brillamment. L'on sent à travers ses pages le poids de la société dans la condition des femmes, on comprend comment sans y être prédestiné par son éducation une jeune femme se retrouve coincée dans une image que la pression sociale lui a imposé. Ce témoignage est terrifiant et malheureusement sûrement encore actuel dans de nombreux cas (il suffit de voir le débat fou qu'a engendré la "théorie des genres" ces dernier temps pour voir que les stéréotypes sont bien ancrés dans les esprits).
Un livre dont le thème m'a passionnée, et une autobiographie dont j'apprécie la démarche de distanciation.
Merci beaucoup à Clara de m'avoir donné envie de découvrir cette auteur !
Céline
Voilà déjà quelque temps que je veux découvrir cet auteur, y compris avec son dernier (celui dans les supermarchés!)
Rédigé par : keisha | 11 avril 2014 à 14:19
Ah oui, celui dasn les supermarchés, je l'ai répéré aussi :-)
Rédigé par : Céline | 11 avril 2014 à 15:01
je suis hyper contente de t'avoir donnée envie de lire cette grande Dame de la littérature française !
Rédigé par : clara | 11 avril 2014 à 16:32
Aie, moi je suis passée à côté de ce livre...
Rédigé par : Praline | 11 avril 2014 à 19:42
J'hésitais vraiment à lire ce livre...même quelques fans d'Ernaux ne l'avaient pas spécialement apprécié, mais ton billet me rassure...D'autant qu'il n'est pas certain que ce qu'elle raconte appartienne à une autre époque...
Rédigé par : sous les galets | 12 avril 2014 à 16:29
Je pense découvrir Annie Ernaux d'abord avec Regarde les lumières, mon amour, son dernier, puis celui-ci ensuite, si ça me plaît. J'avoue que je me pensais réfractaire à l'univers de cette auteure, mais il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis...
Rédigé par : Kathel | 13 avril 2014 à 20:59
C'est fou de lire ça, mais beaucoup de femmes s'enferment encore elle-même dans ce schéma en croyant que c'est ce qu'elles veulent. Par contre, ce genre de livre ne me tentent pas plus que ça et cette auteure non plus.
Rédigé par : Manu | 13 avril 2014 à 21:41
@Clara, oui, je ne vais pas m'arrêter avec ce titre :-)
@Praline : je comprends, le style est tout de même très particulier :-)
@Galéa : oui, j'ai trouvé le sujet encore malheureusement très actuel...
@Kathel : J'irai voir ton avis sur "Regarde les lumières mon amour", j'ai envie de le lire aussi. C'est une auteur d'un genre à part je trouve, mais son propos très pertinent.
@Manu : oui, je suis pas sûre que ce livre te branche, mais le livre est vraiment bien construit, c'est effrayant de voir comment une femme se retrouve enfermée dans une image aussi "facilement" !
Rédigé par : Céline | 15 avril 2014 à 15:56
une auteure qui dort dans la pal...
Rédigé par : Theoma | 25 avril 2014 à 19:19
@Theoma, elle se réveillera peut-être un jour ;-)
Rédigé par : Céline | 28 avril 2014 à 13:58
je n'aime pas cet auteur, j'ai toujours l'impression qu'elle se fout complètement à poil dans ses livres. J'aime pas.
Rédigé par : Violette | 06 mai 2014 à 18:27
@Violette : voilà un avis bien tranché que je respecte ! Par contre je n'ai pas trouvé qu'elle se foutait à poil dans celui-ci, premier que je lis, car rien de très intime, surtout une approche sociologique. Mais je peux comprendre tes réticences !
Rédigé par : Céline | 06 mai 2014 à 18:50