Première scène : Marcus est fouillé et déshabillé par la police chez lui, sous les yeux effarés de ses petits frères et sœurs, de sa mère et sa grand-mère. Il est adolescent, noir et vit dans un quartier mal famé, cela suffit aux Etats-Unis à faire de lui un suspect.
La police repart bredouille mais non sans menacer de revenir. La famille, humiliée, se met tout de même en route pour le barbecue prévu au bord du fleuve avec des voisins.
A travers les mots des différents membres de cette famille de noirs américains, nous vivons cette chaude journée d'été dans le sud qui commence par un petit drame et se termine en tragédie.
La grand-mère Mary Lee, se souvient de la ségrégation et de l'émeute quand les piscines ont été ouvertes aux noirs en 1949, émeutes dans laquelle son frère a perdu à jamais l'ouïe. Dana, la mère des enfants, pense aux hommes qui l'ont abandonné, à sa beauté fanée, à ses enfants qu'elle éduque seule. Marcus, Déborah, Wes, Jonah et Vickie. Qui aimeraient oublier la scène matinale au profit des copains et des premières amours.
Ce roman, tiré d'un fait divers, souligne les conséquences sociales actuelles de la ségrégation aux Etats-Unis. On ne réalise pas toujours jusqu'où cette histoire s'immisce dans la vie quotidienne des noirs américains encore de nos jours. 60% des Afro-américains ne savent pas nager, longtemps bannis des piscines, ils ont intégrés de génération en génération l'idée que l'eau n'était pas faite pour eux.
J'ai apprécié ce parti pris de l'auteur, j'ai lu beaucoup de romans sur la ségrégation ou l'histoire des noirs aux Etats-Unis et ce roman m'a apporté un regard neuf et permis d'en saisir certains retentissements. J'ai juste trouvé que l'argumentation était parfois un peu trop visible, en dépit du romanesque. Mais j'ai tout de même lu le dernier chapitre d'une traite, la gorge nouée.
Un livre très bien construit, nécessaire et par bien des aspects bouleversant.
Céline
"Je caresse ses joues, je sens à l'intérieur les mots qu'elle est incapable de prononcer, elle voudrait dire, comme moi à mon grand-père, comme vous qui réclamez Shine, comme tous les enfants qui ont besoin de voir les adultes heureux pour grandir, Riez, riez, c'est tout ce qui compte, ne criez plus."
"Tous ces gestes ne sont pas mes gestes, ce sont ceux des mères, elles ne sont pas fortes comme on le prétend, elles sont résistantes, ce n'est pas pareil."
Les commentaires récents