En 1967, Lola Bensky a 19 ans. Elle est jolie, trop ronde et journaliste pour un magazine de rock australien. Elle porte des faux cils et se programme des régimes bizarroïdes, enfile des bas résilles mais n'ose pas bouger en société de peur de dévoiler son embonpoint.
Elle est aussi la fille de deux rescapés d'Auschwitz, et porte le lourd héritage de ses parents, la culpabilité des survivants.
De Londres à New-York elle rencontre et fait le portrait des jeunes musiciens qui marqueront l'histoire du rock. Jeune fille naïve et mélancolique, ses interviews sont aussi l'occasion de questionner sa propre identité et ses racines. Mick Jagger, Jimi Hendrix, Mama Cas, Cher, Janis Joplin nous apparaissent non pas comme des peoples mais des êtres emplis de doutes,de beauté, de talent et bien souvent de gentillesse.
Roman largement autobiographie, Lola Bensky m'a à la fois surprise et charmée. J'ai aimé suivre l'errance de cette jeune fille peu sûre d'elle, marquée par les camps et virevoltant dans le milieu du rock des années 60, puis de la femme indécise qu'elle devient, écrivain, deux fois mariée (Mr Ex- Rock star et Mr Quelqu'un d'autre) et mère en Australie. L'auteur saisit des anecdotes touchantes ou réjouissantes, ce livre est drôle, sombre, original et foisonnant dans ces questionnements. L'on passe de l'horreur d’Auschwitz à la joie turbulente du rock des années 60/70, sans que cela ne nous choque, car nous vivons bien dans ce monde ou le pire et le meilleur se côtoient sans cesse.
Une belle tranche de vie et d'humanité qui nous est contée.
Céline
PS : Une idée piochée chez Cuné !
"Est-ce qu'il y avait une quantité de gaieté limitée dans le monde ? Peut-être que si on ne la surveillait pas de près, sa gaieté, elle pouvait disparaître comme ça, d'un coup."
"Lola découvrait que le passé faisait aussi intrinsèquement partie d'un individu que le fait d'être grand ou petit. Impossible d'effacer sa taille ou son passé par un effort de volonté. Celui de Lola serait toujours rempli de cadavres, de baraquements, de peur, de maladies et de la barbarie des hommes ordinaires."
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