"La littérature n'arrête pas les balles. Par contre, elle peut empêcher un doigt de se poser sur une gâchette. Peut-être. Il faut tenter le pari."
13 novembre 2015, Erwan Lahrer enfile ses santiags et s'apprête à assister au concert des Eagles of Death Metal. Quelques morceaux plus tard, il se retrouve au sol du Bataclan et se prend une balle de kalachnikov dans les fesses.
Le récit de ce 13 novembre, beaucoup l'on fait et Erwan Lahrer ne voulait pas l'écrire. Mais les mots s'imposent finalement et la question se pose : peut-on faire un objet littéraire à partir d'un tel événement ?
Mêlant les témoignages de proches et son histoire adressée à la deuxième personne du singulier, Erwan Larhrer nous livre un roman hors catégorie, un récit qui dépasse la question du réel et de la fiction.
Car ce qui est extrêmement fort, c'est que ce livre n'est pas l'histoire du Bataclan le 13 novembre 2015. C'est l'histoire d'un type sympathique qui aime le rock, d'un type qui se prend une balle dans les fesses, d'un type qui se reconstruit mais a peur de ne plus jamais bander, et surtout l'histoire d'un type immensément aimé. Et c'est aussi le portrait d'une société qui ne laisse pas à la place à chacun, de véritables héros du quotidien que sont les infirmiers et les pompiers, mal reconnus et en sous effectif.
J'ai été surprise et heureuse de retrouver sous la révolte cet optimisme un peu naïf, ce romantisme désuet qui m'avait tant plu dans L'abandon du mâle en milieu hostile.
"Longtemps j'essaierai de contraindre le réel à s'adapter à mes idéaux. Le réel gagne toujours. Jusqu’à ce que l'on comprenne que l'idéal doit y être incorporé avec délicatesse, comme des œufs en neige quand on prépare une mousse au chocolat."
Avec ce livre qu'il ne voulait pas écrire, Erwan Lahrer prouve une fois de plus qu'il fait partie des auteurs français contemporains à suivre ou découvrir.
Céline
Très beau billet! Et tu ne connais pas encore l'auteur 'en vrai'. J'ignore si son 'santiags tour ' passera par chez toi. Pas sûr.
Rédigé par : keisha | 29 novembre 2017 à 14:01
Rha, je ne crois malheureusement pas que ses santiags le mènent jusqu'en Belgique ! Mais j'aimerais beaucoup le rencontrer. Je l'ai d'ailleurs découvert grâce à toi, encore merci :-)
Rédigé par : Céline | 29 novembre 2017 à 15:09
Je m'en étais sans doute fait une mauvaise idée de ce roman... car c'est un sujet qui ne m'attire pas du tout en littérature, trop fort, trop émouvant... Mais à force de lire vraiment ce qui se cache derrière cet "ovni" littéraire, peut-être que je pourrai succomber! Je l'ai vu à la bibliothèque.
Rédigé par : Laeti | 30 novembre 2017 à 10:37
Coucou Laeti, si il est à la bibliothèque, n'hésite pas à tenter ta chance ! Ce n'est pas du tout larmoyant, aucun pathos c'est juste beau et plein d'amour et d'espoir.
Rédigé par : Céline | 30 novembre 2017 à 14:57
Ce n'est pas un livre ni un sujet qui m'attirent, mais tu en as écrit un superbe billet !
Rédigé par : Christelle | 01 décembre 2017 à 15:08
Je l'aurai à Noël, à force je me suis laissé convaincre de faire une exception et de lire ce récit...
Rédigé par : Mind The Gap | 03 décembre 2017 à 08:05
quel titre bien choisi, bien sûr qu'il ne voulait pas l'écrire ce livre, et bien sûr qu'il doit le faire, au moins pour ne laisser personne d'autre le faire à sa place! Par exemple des donneurs de leçons ou des gens qui s'inventent un passé de victime alors qu'ils n'étaient pas là .. Si si ça existe!
Rédigé par : luocine | 03 décembre 2017 à 12:09
à découvrir pour moi alors, mais le titre me déplaît déjà, je vais donc y réfléchir
Rédigé par : niki | 05 décembre 2017 à 12:21
@Christelle : merci pour ton petit mot qui me touche beaucoup :-)
@MTG : Ahah j'espère que tu auras bien fait de te laisser convaincre !
@Luocine : Malheureusement les tragédies de tous genres sont récupérées et instrumentalisées... Comme tu dis, cela rend ce livre d'autant plus nécessaire !
@Niki : Je comprends pour le titre, mais tout le reste est tellement beau ! :-)
Rédigé par : Céline | 05 décembre 2017 à 18:34