ENLIVREZ-VOUS !

"The terrible privacy of Maxwell Sim", de Jonathan Coe

   A 48 ans, Maxwell Sim semble avoir touché le fond : sa femme l'a quitté, emmenant avec elle leur fille, et malgré ses 74 amis sur facebook, il réalise qu'il n'a personne avec qui partager ses pensées. Il ne parvient à instaurer une relation d'intimité et de confiance avec personne et ne trouve que peu de sens à son existence. Lorsqu'il se voit proposer un voyage commercial qui devra le mener à l'extrémité du Royaume-uni, il n'hésite pas à accepter. Mais ce périple va le pousser à en apprendre plus sur sa personne et sur son passé...

  Jonathan Coe nous raconte ici l'histoire d'un homme à la dérive, souffrant d'une immense solitude dans notre société où la communication semble pourtant si accessible. Ces 300 pages se présentent comme une longue introspection du narrateur : parfois drôle, souvent cynique, toujours touchante. Pourtant, je n'ai pas retrouvé dans ce roman un récit aussi poignant que ceux auxquels l'auteur m'avait habituée (notamment La pluie, avant qu'elle ne tombe, très fort de bout en bout) ; et je ne me suis jamais sentie pleinement concernée par le destin du héros. Une légère déception donc pour ce nouveau Jonathan Coe...

Céline

"Robe de marié", de Pierre Lemaître

   Sophie est une jeune femme comblée et épanouie : un métier passionant, un mari aimant. De jour en jour pourtant, de curieux évènements viennent perturber son quotidien : perte d'objets, oublis récurents, confusions de dossiers, trous noirs... Jusqu'au moment où les morts et les accidents s'accumulent dans son entourage. Sophie semble basculer dans la folie, mais tente tout pour assurer sa survie. Un question la hante cependant en permanence : serait-elle une meurtrière ?

  Le scénario de ce thriller psychologique est très bien ficelé et nous tient en haleine jusqu'à la dernière page... Pierre Lemaître nous plonge dans les méandres d'un esprit dérangé et dans une histoire sombre et angoissante. Très bien mené, tant dans son écriture que dans l'agencement des faits, ce court roman se dévore avec plaisir et palpitations. La chute est par contre un peu bâclée, dommage !

Céline

Fin du mémoire !

Bonjour à tous !

J'ai (enfin) terminé mon mémoire sur les médias et les best-sellers ! Certains d'entre vous avaient émis le souhait de le parcourir, si c'est toujours le cas, je vous propose de m'envoyer un mail à [email protected] et je vous le transmettrai en pièce jointe. Encore merci à tous les blogueurs qui avaient pris le temps de répondre à mes questions et bonne journée !

Céline

"Venir au monde", de Margaret Mazzantini

  Un matin, Gemma reçoit un coup de téléphone de Gojko, un ami venu d'un passé lointain et enfoui. Il l'invite à venir passer quelques jours à Sarajevo avec son fils de seize ans, Pietro. La mère et l'adolescent entreprennent alors un voyage vers ce pays reconstruit où Diego, le père de Pietro, est décédé. Sous fond de guerre de Yougoslavie, l'auteur revient sur l'amour fou qui a unit Gemma et Diego et leur combat pour avoir un enfant.  

  Dès les premières lignes de ce roman, l'on sent que la tragédie attend, tapie derrière une page... L'auteur nous parle avec pudeur et force d'un couple, de ce qui unit où éloigne les êtres qui s'aiment. Elle raconte aussi cette guerre civile et les horreurs qu'elle a engendrées.

  Dans ce récit bouleversant, l'on retire toute la douleur mais aussi l'amour et l'espoir qui nous amène à venir au monde. Une histoire magnifique, qui se mêle à la grande et dont on ne sort pas indemne. 

Céline

"Cristallisation secrète", de Yoko Ogawa

  Sur l'île où se déroule cette histoire, les choses et les êtres s'effacent mystérieusement. La jeune  narratrice nous raconte comment, un matin, les oiseaux ont disparu à tout jamais, du ciel, du cœur et de la mémoire des habitants. Puis vient le tour des roses, des photographies, des calendriers, des livres... Puis d'une partie du corps des humains semble les abandonner.  Mais certaines personnes ne parviennent pas à oublier.Traquées par la police secrète, elles se cachent  et vivent en proie à la nostalgie des objets et des sensations disparus...

  Ce roman, d'une écriture sobre et poétique, décrit avec brio la terreur des régimes totalitaires. L'angoisse de l'oubli nous étreint tout au long de ces pages. Mais plus qu'une simple contre-utopie, ce livre ouvre une magnifique réflexion sur la mémoire et la conscience, sur ce qui lie les êtres humains entre eux. Avec une économie de mots et de descriptions, l'auteur parvient à suggérer des belles réflexions et à susciter de fortes émotions.

Céline

 

"La maison de la mort certaine", Albert Cossery

    Au cœur de l'hiver, dans l'Égypte misérable, une maison menace de s'écrouler. Plusieurs familles vivent dans cet bâtisse fissurée, en proie au froid , et partagent une extrême pauvreté. Face à la malhonnêteté du propriétaire Si Khalil, les locataires n'ont d'autre choix que de s'en remettre à la dérision. Les femmes et les enfants ne ratent en effet pas une occasion de ridiculiser cet homme dégoûtant. Abdel Al le charretier, tente de se révolter contre cette injustice et de rassembler les locataires autour d'une même voix...

   Ce roman d'Albert Cossery tourne en dérision les riches propriétaires exploitant la misère de leurs semblables. Comme dans la plupart de ses livres, l'humour et le sens de l'insulte sont très présents. Les personnages sont riches, colorés, incroyables. La conscience politique de l'auteur est particulièrement présente dans ce titre, et l'on ressent aussi un certain fatalisme face à la situation de son pays d'origine, l'Égypte. 

  Un style toujours inimitable et une histoire inoubliable !

Céline

"Les particules élémentaires", de Michel Houellebecq

C'est l'histoire de deux demi-frères qui ne parviennent pas à être heureux.

Bruno, professeur en université, a peur de vieillir, et cherche en permanence l'excitation sexuelle. Après une adolescence complexante et un mariage raté, il pense trouver la sérénité dans une nouvelle relation de couple ouverte aux partouzes et à l'échangisme.

Michel, chercheur en biologie, est tout simplement incapable d'aimer. Étranger aux émotions humaines, il oriente ses travaux vers la création d'une nouvelle espèce animale pour remplacer l'homme.

Un portrait de notre société post soixante-huitarde parfaitement déprimant !!!

J'ai malgré tout beaucoup apprécié ce roman, très bien écrit, entre Dantec et Bret Easton Ellis.

Milou

"Ne riez pas de mon histoire d'amour", de Nao-Cola Yamazaki

   Un jeune étudiant en art s'éprend de sa professeur de dessin , Yuri, alors qu'il pose pour elle. Une relation charnelle et passionnelle s'installe alors entre eux, dès le départ vouée à ne pas durer.  Mais le narrateur a bien du mal à ne pas succomber aux charmes de cette femme mûre et mariée.

  Ce très court roman, à peine cent pages, aborde le thème assez commun de la différence d'âge dans l'amour. Et malheureusement, il n'y apporte pas un regard original. Les traits des personnages sont brossés de façon grossière et ne nous permettent pas de nous y attacher. Le narrateur est agaçant à force de mollesse et d'indécision et la professeur de dessin parait égoïste et immature... Je n'ai pas non plus particulièrement apprécié le style - mais peut-être est-ce la traduction.

  Un roman assez creux, qui ne parvient pas à rendre la force des relations amoureuses.

   Un grand merci tout de même à Babelio et aux Éditions du Seuil pour cet envoi !

Céline

"Ce que les hommes ne savent pas", présenté par Lucia Etxebarria

Lucia Extxebarria est une journaliste et romancière espagnole, auteur à succès notamment de Amour, Prozac et autres curiosités et Beatriz et les corps célestes.

Elle rassemble dans ce recueil 11 nouvelles amoureuses, chacune écrite par l'une des plus belles plumes féminines du moment en Espagne.

Certaines histoires sont chargées d'érotisme, d'autres sont plus mélancoliques, toutes portent en elles une féminité intense, assumée, voulue. L'introduction de Lucia Etxebarria sur l'érotisme vu par les femmes est très juste.

Je recommande particulièrement cette lecture à la gent masculine ! Peut-être pourra-t-elle ainsi pénétrer un peu notre mystère...

Milou

"La clé de l'abîme", de José Carlos Somoza

   Daniel Kean, employé subalterne du Grand Train, se retrouve aux mains d'un jeune terroriste chargé d'explosifs. Avant de mourir, ce dernier livre à Daniel un secret permettant de mettre la main sur la "clé de l'abîme". Daniel parvient à désamorcer la bombe et se croit alors sauvé. Mais c'est sans compter sur les groupes de croyants prêts à tout pour lui arracher cette étrange révélation. Trahison et terreur attendent le jeune homme prêt à être embarqué dans une aventure éprouvante.

  Somoza nous plonge ici dans un étrange univers : les êtres humains "de conception" se ressemblent tous et vivent confinés dans un monde dominé par la peur. Des groupe de croyants semblent pouvoir comprendre la réalité en se fondant sur les quatorzes chapitres de "la Sainte Bible de l'Amour et de l'Art"... Le dépaysement est très fort et j'ai eu un peu de mal à trouver des repères. Par ailleurs, je ne me suis que très peu attachée aux personnages et je ne me sentais pas vraiment concerné par leur destin. Pour une fois, je ne suis dons pas parvenu à pénétrer l'univers proposé par Somoza... Mais peut-être est-ce parce que je ne connais pas du tout l'auteur auquel le livre fait référence ! 

  Je reste sur ma faim en en refermant ce roman, un peu déçue de ne pas avoir trouvé le plaisir habituel à la lecture d'un Somoza !

Céline