Billy Abbbot est un jeune garçon impressionnable. N'ayant jamais connu son père, il est élevé par sa mère et ses grands-parents dans une petite ville du Vermont. Alors que son grand-père, un personnage très doux, aime se déguiser en femme sur scène, sa mère a un avis très strict sur la question des déviances sexuelles.
Billy lui, réalise très tôt qu'il est attiré par "les mauvaises personnes". Son ambivalence érotique va déterminer sa personnalité et les rencontres qu'il fera en grandissant et devenant écrivain. Rempli de désir les hommes comme les femmes, Billy va évoluer dans le milieu gay des années 80, sans jamais en faire complètement partie.
Sous fond d'intolérance sociale et de propagation du sida, John Irving nous raconte ici les aventures amoureuses d'un bisexuel au fil de sa vie. Impossible à labéliser, il attirera souvent la méfiance de ses maitresses et amants.
J'ai terminé ce roman il y a quelques temps déjà, mais je n'ai pas trouvé l'envie ou les mots pour en parler. Je l'ai fermée en effet un peu déçue, trouvant qu'Irving négligeait le romanesque pour plaider sa cause. Certains personnages sont riches, mais les liens qui les unissent pas assez fouillés, et les évènements vite relatés. J'ai eu le sentiment d'avoir affaire à une succession d'histoires sentimentales plutôt qu'à un véritable récit de vie. Et j'aime tant les grandes épopées individuelles de cet auteur...
Et puis quelque temps après, j'ai eu la surprise de découvrir les réactions virulentes déclenchées en France par l'annonce du mariage gay. Jamais je n'aurais cru qu'à l'heure actuelle le droit de se marier pour les homosexuels puissent encore faire débat à ce point.
Dans ce contexte, je comprends mieux la nécessité d'un tel roman, d'une telle cause. Car c'est avant tout un livre sur la tolérance que nous livre John Irving, ou plutôt sur la difficulté d'être tolérant. Même Billy sera taxé, à un moment, "d'être intolérant de l'intolerance".
Un roman sur la complexité de nos désirs, et la difficulté pour les humains de s'accepter dans leur différence.
Céline
John Irving a souvent des positions très tranchées et que j'apprécie. Il est aussi souvent à contre courant avec les positions de son pays avec lequel il est très critique, notamment sur l'avortement ou la guerre du Vietnam. C'est un autre trait que j'aime chez cet écrivain hors normes en plus de ses personnages baroques et de ses épopées. Dommage que ce roman soit un peu en-dessous de ses autres. Ca me fait penser à ses premiers ou à La quatrième main.
Ce qui se passe en France m'étonne aussi beaucoup !
Rédigé par : Manu | 22 décembre 2012 à 09:47
Joli billet ! Moi aussi les réactions et commentaires effarants quant au mariage pour tous me sidèrent.
Rédigé par : Aliénor | 23 décembre 2012 à 18:21
J'aime beaucoup Irving pour ses engagments aussi, toujours humanistes ! Et oui, ce qui se passe en France est vraiment effarant.
Rédigé par : céline | 03 janvier 2013 à 08:52
Depuis "Le monde selon Garp", je m'étais dit que je reprendrais un roman d'Irving. Pour l'instant ça ne s'est pas fait mais le roman dont tu parles a l'air effectivement très nécessaire. Pourquoi pas?!
Rédigé par : Mélopée | 05 janvier 2013 à 20:42
@Mélopée : il y a tout de même d'autres titres d'Irving que je trouve plus proches du chef d'oeuvre que celui-ci... Mais le sujet est intéressant !
Rédigé par : céline | 21 janvier 2013 à 11:28