A tout juste quarante ans, Sam Tahar affiche une réussite parfaite. Avocat réputé et respecté, marié à la fille d'un grand nom de la communauté juive, deux enfants parfaits, il est brillant, séduisant, carriériste.
Mais cette réussite repose sur un mensonge : il y a 15 ans, lassé de voir ses CV laissés sans réponse, il retire la dernière syllabe de son prénom. Samir devient Sam, et sur un malentendu qu'il entretiendra par la suite, le musulman devient pour tous, juif.
"Avec le mensonge, on peut aller très loin, mais on ne peut jamais en revenir" dit un proverbe yiddish cité dans ce roman. En effet, ce jeu social parfaitement maîtrisé va bientôt s'effriter et Sam Tahar va se retrouver confronté à son passé, ses origines, ceux qu'il a laissé derrière lui pour avancer.
Avec un rythme alerte, effréné, un vocabulaire riche et une syntaxe bien maîtrisée, Karine Tuil livre ici un roman contemporain passionnant. Ce récit soulève un profond questionnement sur la société française et américaine, sur la question des origines et de la discrimination, la pression de la réussite et des apparences, sur l'argent comme marque de pouvoir.
J'ai dévoré ce roman et je me suis laissée emportée dans la course délirante de ses protagonistes. Cependant, le rapport très froid de l'auteur avec ses personnages m'a empêchée de m'identifier complètement. Ici aucune tendresse, aucune rédemption possible pour les héros. Les femmes sont toutes décrites comme soumises, objets, avec un très mince espoir sur leur capacité à l'émancipation. Même l'amour n'en est pas ici, juste du désir de possession, un moyen supplémentaire de briller.
Malgré (ou grâce à) cette vision presque clinique de l'homme, L'invention de nos vies est un roman brillant sur la réussite, le mensonge- et la chute.
"L'argent affecte tout. Il affecte les relations avec vos amis, votre famille, les personnes que vous rencontrez et il vous affecte, vous, colonisateur discret qui prend ses aises, vous mutez sans le savoir, vous devenez ce que vous détestez."
Céline
Ah... Je l'ai eu entre les mains mais je n'étais plus d'humeur (trop de temps écoulé entre le moment où je l'avais réservé à la bibli et celui où je l'ai enfin récupéré, l'envie s'était émoussée) et je l'ai rendu rapidement, sans l'avoir lu.
Rédigé par : Brize | 27 mars 2014 à 14:14
@Brize, ça me fait ça parfois aussi quand j'attends trop longtemps pour lire un livre ;-) J'ai vraiment bien aimé le sujet mais je sais que tout le monde n'a pas été emballé. Tu retomberas peut-être dessus un jour, qui sait ;-)
Rédigé par : Céline | 27 mars 2014 à 14:33
C'est le billet le plus élogieux que je lis sur ce livre, il était en pré-sélection chez Elle, et il s'est fait recaler. Beaucoup ont été gênées par le style, les notes de bas de page, les ///....ce qui ne m'avait plus tellement donné envie de le lire...et là, après ton billet, je me dis que je le lirai dès qu'il sera en poche finalement, parce qu'il est quand même bien possible que je l'aime....
Rédigé par : sous les galets | 27 mars 2014 à 15:59
Je comprends qu'on trouve le style un peu surfait, notamment les notes de bas de pages que j'ai trouvé un peu inutiles, mais le tout donne un rythme très hâché, qui va bien avec l'histoire racontée... En tous cas le sujet est très actuel, et les question soulevée très (trop?) pertinentes.
Rédigé par : Céline | 27 mars 2014 à 16:16
"Le rapport très froid..." ça me fait hésiter quand même ! et ceci malgré le fait que tu l'as dévoré.
Rédigé par : Krol | 30 mars 2014 à 18:25
Oups !!!....que tu l'aies dévoré !!! subjonctif bien sûr !
Rédigé par : Krol | 30 mars 2014 à 18:28
Oui, je comprends...Après cet aspect assez clinique est cohérent avec l'histoire !
Rédigé par : Céline | 31 mars 2014 à 10:01
Je n'arrive pas à me prononcer sur ce livre, sur mon envie ou non de le lire. Pas bon signe.
Rédigé par : Manu | 04 avril 2014 à 10:06
Oui, c'est vraiment un livre qui se dévore !! Mes élèves qui l'avaient lu pour le Goncourt des Lycéens l'avaient adoré.
Rédigé par : Marie | 06 août 2014 à 10:22
Tout à fait le style est très alerte et tient bien en haleine !
Rédigé par : Céline | 06 août 2014 à 15:44