1968, dans un village reculé du Labrador, un enfant naît, dans la chaleur de sa maison. En pleine santé, ce bébé n'a qu'une différence : il présente à la fois les attributs masculins et féminins. Seuls, sa mère Jacinta, son père Treadway et une voisine de confiance, Thomasina, sont dans le secret.
Alors que Jacinta aime déjà son enfant tel qu'il est, et confère un côté magique, merveilleux à sa différence, Treadway tranche, cet enfant sera élevé comme un garçon, et s'appelera Wayne.
Wayne mène donc une enfance de garçon plutôt normale, malgré les hormones qu'il prend tous les jours (sans savoir qu'elles en sont) et une part féminine qu'il ne peut garder pour lui.
Son père l'aime, mais, effrayé par ce que la société pourrait lui faire subir si la vérité venait à éclater, il cherche à tout prix à le protéger de cette féminité, quitte à briser ses rêves d'enfant, et la seule amitié que son fils ait vraiment. Treadway est un homme bon, mais rude, un chasseur habitué aux grands espaces et aux contraintes imposées par la nature.
Sa mère quant à elle, ne peut s'empêcher de voir en Wayne la petite fille qu'il aurait pu être, qu'il est parfois un peu. Le poids du secret et de la culpabilité la ronge et l'éloigne peu à peu de l'homme qu'elle aime.
Thomasina, sorte de marraine fée, ne sera pas toujours une présence incarnée dans la vie de Wayne, mais saura toujours l'aider jusque dans les moments les plus critiques de sa vie, et l'aider à développer ses talents, à accepter la petite "Annabel" qui se cache en lui.
Séduite par le billet d'In cold blog et par l'enthousiasme de nombreux blogueurs, je désirais lire Annabel depuis longtemps. Portée par la superbe plume, souvent poétique, de Kathleen Winter, ce roman, en traitant du cas de l'intersexualité, parle de nos différences à tous, de l'intolérance, des ambiguïtés qui nous construisent. Dans cette histoire se côtoient la malveillance des hommes dans l'acte le plus abject qui soit, mais aussi une force d'amour, notamment à travers le personnage de Treadway, belle et rare, une de celle qui font croire en la capacité de l'homme à être bon malgré ses erreurs. C'est aussi une magnifique ode à la nature, cette nature mystérieuse et surprenante, qui, à l'instar de Wayne, ne se laisse enfermer dans aucune étiquette.
Un roman bouleversant, d'une force descriptive incroyable ! A lire, pour ceux qui n'auraient pas encore succombé ;-)
Céline
"Ca doit ressembler à ça, d'avoir une fille, songe Jacinta, mais elle enfouit cette pensée au plus creux d'elle-même. Elle ignore ce qui pourrait faire le plus de tort, laisser cette nappe souterraine jaillir librement à la surface ou la priver d'eau graduellement jusqu'à ce qu'elle finisse un jour par tarir. "
" Si seulement le monde pouvait vivre ici, en pleine nature, là où il n'y a ni magasins, ni routes, ni portes, ni fenêtres, ni lignes droites. Ce sont les lignes droites qui posent problème. Les règles et les mesures et les frontières et personne pour vous aider si vous les transgressez. "
Je me joins à toi : oui, il faut le lire !
Rédigé par : Kathel | 12 mai 2014 à 17:58
Oui, ce serait dommage de passer à côté de ce roman superbe !
Rédigé par : Céline | 13 mai 2014 à 09:00
Ca m'a l'air très très dur comme sujet punaise....ceci dit l'enthousiasme est tellement général que je le note quand même...
Rédigé par : sous les galets | 13 mai 2014 à 15:06
Voilà un livre que je n'arrête pas de mettre et d'enlever et de remettre dans ma PAL. Je crois que j'ai peur du sensationnel et du pathos.
Rédigé par : Valérie | 13 mai 2014 à 15:54
Galéa, Valérie, je vous rassure, aucun pathos ni sensationnel... Beaucoup de pudeur et de finesse au contraire, l'auteur parvient à traiter ce sujet délicat sans en faire un sujet d'étude ou de clinique justement, mais en le reliant à notre humanité la plus profonde. C'est vraiment trop beau !!!l:-)
Rédigé par : Céline | 13 mai 2014 à 16:12
Un roman dont je lis pas mal de billets emballants...
(au fait j'ai posé deux commentaires sur le billet précédent, et j'ai l'impression qu'ils ont disparu - blogger fait aussi ça parfois)
Rédigé par : keisha | 13 mai 2014 à 19:45
Coucou Keisha,oui, je ne fais que confirmer une vague d'enthousiasme ! En effet, tes deux autres commentaires sont passés aux oubliettes, c'est nul ça, j'aime toujours bien tes petits bonjours ;-) Les déboires du blog... A bientôt !
Rédigé par : Céline | 13 mai 2014 à 20:55
Un excellent roman d'une grande subtilité, tout en nuances ! j'ai adoré !
Rédigé par : Krol | 16 mai 2014 à 08:37
Oui, très fin, et subtil, l'auteur laisse vraiment la place aux doutes, aux ambiguïtés... C'est magnifique !
Rédigé par : Céline | 16 mai 2014 à 09:35
Et bien quel billet encore autour de ce livre. Je ne l'ai pas lu.
Rédigé par : Un autre endroit | 16 mai 2014 à 14:43
Noté aussi depuis le billet de In Cold Blog. Middlesex de Jeffrey Eugenides traitait aussi d'un enfant hermaphrodite, très bon !
Rédigé par : Manu | 17 mai 2014 à 09:50
j'en suis ravie. Une lecture très très forte.
Rédigé par : Theoma | 19 mai 2014 à 15:19
Je ne fais en effet que confirmer la belle vague d'enthousiasme autour de ce magnifique roman !
Manu, par contre je me suis ennuyée dans Middlesex, figure toi que je n'ai pas pu le finir... Peut-être qu'il est tombé dans mes mains au mauvais moment ;-)
Rédigé par : Céline | 22 mai 2014 à 09:13
J'avais vraiment adoré ce roman...! Chose que je ne m'explique pas, je n'en avais pas fait de billet. C'est bien dommage parce que c'est un très gros coup de coeur !
Rédigé par : Noukette | 22 mai 2014 à 20:53
ce billet est vraiment tentant, je crois que je vais abandonner déinitivement l'envie de vider ma pal et ne pas acheter d'autres romans
Rédigé par : niki | 23 mai 2014 à 11:06
@Noukette : Il m'arrive souvent d'avoir des coups de cœur dont je ne fais pas de billet dans la foulée, puis j'ai l'impression que je n'ai plus les mots pour décrire l'intensité des émotions ressenties ! J'ai adoré aussi !
@Niki : Ah pour ce roman je pense que ça vaut la peine de laisser de côté ton vidage de PAL !
Rédigé par : Céline | 23 mai 2014 à 11:23
Sur ma PAL, j'en suis ravie, donc après lecture de tes impressions!
Rédigé par : Mirontaine | 30 mai 2014 à 17:38
Chouette j'espère que tu en seras tout en autant émue :-)
Rédigé par : Céline | 02 juin 2014 à 10:57
J'ai noté sa sortie début septembre en poche... L'auteure est invitée au Festival America, à Vincennes (comme J. Courtney Sullivan d'ailleurs, que tu évoques plus haut :))
Rédigé par : Marie | 22 juin 2014 à 16:27
Chouette ça a l'air sympa ce festival !!! Tu t'y rends cette année ? J'espère qu'il te plaira autant qu'à moi ce petit bijou ;-)
Rédigé par : Céline | 23 juin 2014 à 11:34
Je viens de me l'acheter. Je te conseille grandement le festival America, un de mes préférés avec énormément de débats entre les auteurs..
Rédigé par : Marie | 06 août 2014 à 10:20
Ca a l'air super ce festoval ! D'autant que je lis énormément d'auteurs en provenance outre-atlantique... J'espère que tu aimeras !
Rédigé par : Céline | 06 août 2014 à 15:45
Bonjour, tu as vraiment raison pour la force descriptive. Perso, j'ai été bouleversé par se vision poétique du Labrador !! Cordialement
Rédigé par : Sorel | 11 octobre 2014 à 22:59
Oh oui quelle vision de la nature ! Magnifique !
Rédigé par : Céline L. | 13 octobre 2014 à 16:28