Ce recueil de huit nouvelles met en scène des "filles biens" dans différentes petites villes des Etats-Unis, le plus souvent à l'adolescence ou à l'orée de l'âge adulte. Holly Goddard Jones décrit des personnages communs, membres de la classe moyenne ou ouvrière, mais dont le destin va imperceptiblement basculer dans la noirceur, voir dans l'horreur. La frontière entre le bien et le mal est infime et l'auteur saisit avec une grande finesse ce moment où tout un chacun peut la franchir. Viol, immolation, passage à tabac : c'est un univers très sombre qui nous est livré, et pourtant un univers familier.
Je ne lis quasiment jamais de nouvelles, car je ferme toujours le recueil avec un sentiment de frustration. Mais celles-ci m'ont été conseillées par plusieurs amies blogueuses comme les nouvelles à lire pour tous les sceptiques face à ce format !
Alors oui, Holly Goddard Jones a une écriture superbe, et elle rend la complexité humaine avec une force rare. J'ai notamment été impressionnée par les deux nouvelles qui se font écho, et permettent de relire l’événement avec un tout autre regard.
Et pourtant un sentiment de malaise m'a étreinte tout au long de la lecture. La brièveté du récit pour raconter des événements si durs m'ont donné une impression de voyeurisme. Je me sentais comme une lectrice de faits divers, qui se laisse gagner par une curiosité malsaine sans véritable empathie pour les protagonistes. Il m'a manqué cette part si importante quand je lis un roman : l'ambiance qui s'installe, le contexte, l'évolution des personnages, de leurs relations et de leurs sentiments. Il me faut du temps pour entrer dans un livre, pour en saisir l'univers, et pour finalement le vivre pleinement.
De Holly Goddard Jones, j'ai largement préféré son roman Kentucky Song, qui traite aussi de cette frontière mais de façon plus approfondie.
Céline
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