En 1999, mes parents m'ont emmenée voir le ballet Presbytère de Maurice Béjart aux nuits de Fourvière. J'avais quatorze ans et je découvrais la musique de Queen. Ce soir là, je me souviens d'avoir ressenti une émotion brutale et envahissante, complètement transportée par les chorégraphies et par la musique.
Depuis, je ne suis pas devenue tellement sensible à la danse, mais les chansons de Queen ne m'ont jamais quittée. J'ai frénétiquement traduit leurs textes à l'adolescence, qui faisaient écho aux tourbillons d'émotions qui me traversaient. Je me suis réveillée des années sur les premières notes d'It's a kind of magic (oui les vieilles chaines hifi qu'on ne pouvait pas programmer ;-) ), Don't stop me know a toujours l'art de me motiver quand j'ai un ptit coup de mou au milieu d'un footing, je ne peux pas m'empêcher de danser sur l'air de Crazy little thing called loved , The show must go on a accompagné tous les grands bouleversements de ma vie, I'm going slighty mad me fait du bien quand mon cerveau bout un peu trop fort... J'ai presque une chanson de Queen pour chacune de mes émotions.
Et pourtant, je ne connaissais rien ou presque sur la vie de ces quatre rockeurs anglais avant que Bohemian Rhapsody crève le box office au cinéma. En général, ce que l'artiste m'offre par ses créations me suffit, mais la fin du biopic en plein Live Aid m'a laissée sur ma faim et j'ai eu envie de me plonger dans la biographie de Freddie Mercury de Selim Rauer et de la confronter à l'histoire contée sur grand écran.
Le film rend bien la créativité musicale, le génie scénique, l’inventivité dingue de ce groupe et leur capacité de communion avec le public, aussi large soit-il. Mais l'erreur scénaristique, il me semble, est d'avoir voulu construire un récit hollywoodien (rencontre coup de foudre / séparation / retrouvailles grandioses et tragiques), en n'hésitant pas à tronquer la réalité ( Freddie Mercury n'a pas du tout été le premier à effectuer un album solo et le Live Aid a eu lieu après la tournée The Works et non après des mois de séparation ;-) Il ne savait pas non plus à ce moment là être atteint du sida). Hors, la vie de Freddie Mercury et l'histoire de ce groupe sont déjà hautement romanesques et n'ont pas besoin de retournements de situations supplémentaires. Il n'empêche l'interprétation des comédiens est excellente, et vivre la reconstitution des concerts de Queen sur écran géant juste magique ! Je ne boude pas mon plaisir à voir et revoir ce film, mais en le considérant comme un hommage et non une biographie.
La biographie que propose Selim Rauer est passionnante et multiplie les références, et j'ai dévoré ce livre comme un bon roman. Il nous dévoile la vie de Freddie Mercury de son enfance à Zanzibar jusqu'à son décès brutal des suites du sida en 1991. L'auteur ne porte aucun jugement mais à force de témoignages, d'interviews et d'enquêtes, nous permet d'un peu mieux cerner ce personnage fascinant, et de contextualiser son parcours dans une époque et une société. Ce qui m'a particulièrement touchée dans l'existence de cet homme, ce sont ses innombrables contradictions et son refus d'entrer dans une catégorie, de se laisser étiqueter en fonction de ses origines ou de sa sexualité. L'enfant timide et complexé, le jeune homme fou amoureux, le rockeur sulfureux, l'amant passionné, l'homme aux multiples excès, égocentrique comme généreux, grandiloquent et discret : toutes ces facettes font partie de l'homme que fut Freddie Mercury, et par sa complexité, son ambivalence, sa richesse, sa légende dépense largement celle du rock pour nous rappeler à notre condition d'être humain.
« J’ai l’impression par moments d’avoir créé un monstre. Je voudrais tant que le public se rende enfin compte que je suis un être humain, rien d’autre qu’un être humain, avec mes défauts et mes quelques qualités. » Freddie Mercury
Céline
le film t'a plu, tant mieux - malheureusement, le film semble avoir "édulcoré" la vie de queen et mercury - les critiques disent tous qu'il s'agit d'un film à voir en famille, donc qui ne comporte rien de "choquant" -
comme je ne l'ai pas vu, je ne peux juger
Rédigé par : niki | 20 mars 2019 à 09:15
Quel beau texte, ma BBF ! Pour ma part, si je ne t'avais pas rencontrée, je ne serais pas fan de Queen (sur le tard) ! Merci pour ta passion, que tu sais si bien transmettre .... And "Show must go on" ;-)
Rédigé par : Christelle | 20 mars 2019 à 09:33
@Niki : en effet c'est un film plus familial que sulfureux ;-) Après cet aspect ne m'a pas tant dérangé dans le sens où Freddie Mercury a toujours voulu éviter de jeter sa vie privée en pâture aux médias :-) Je vois plus ce film comme un hommage au groupe, à leur créativité et à leur génie rock :-) Pour le reste, certaines inexactitudes m'agacent tout de même un peu dans le film, elles n'avaient pas lieu d'être.
@Christelle : Toujours heureuse de convaincre mes amis d'écouter Queen, surtout avec moi pour des soirées à tue-tête :-) Oh yeah :-)
Rédigé par : Céline | 20 mars 2019 à 09:40