"Le bonheur se tient dans la conviction qu'être vivant, c'est être témoin d'une époque, et ainsi se sentir responsable, vitalement et passionnément responsable, de la destinée collective de la planète."
Un appartement sur Uranus reprend les chroniques publiées par Paul B.Preciado entre 2015 et 2018 dans Libération. A travers ces textes, il raconte la traversée : la sienne, de lesbienne radicale à homme trans, mais aussi celle du monde qui nous entoure à travers les événements qui occupent l'actualité de ces chroniques.
Cette façon de lier son expérience intime au politique est passionnante et permet d'aborder la crise migratoire, l'utilisation de Candy Crush saga, le mariage pour tous, le droit d'importuner ou encore l'indépendance de la Catalogne sous le prisme de la transition et de la transformation. Il nous amène à repenser le récit que nous impose l'hétéro patriarcat pour transcender les limites du binarisme du genre et des frontières économiques et politiques et nous invite à nous réinventer.
« Je pense mon propre processus transgenre et le voyage comme autant d’expériences sur la subjectivité. Rien de ce qui m’arrive n’est exceptionnel. Je fais partie d’une métamorphose planétaire. Le temps est venu de se réinventer. »
Le format de la chronique est à la fois efficace et frustrant : il permet d'aborder multitude de sujets de façon accessible et efficace, mais survole parfois un peu des problématiques complexes. D'autant que Paul B.Preciado est philosophe et qu'à plusieurs reprises, je sentais qu'il me manquait certains concepts pour bien saisir les enjeux de sa pensée.
Alternant entre des moments de poésie pure et le développement d'une pensée critique, cet essai nous permet de nous décentrer, de saisir les limites que les normes nous imposent et que nous avons intégrées. Même si je me suis sentie parfois dépassée par cette lecture, elle m'a apporté un regard neuf sur le monde qui nous entoure et souvent émue par la beauté de ses phrases.
"Les commémorations les plus belles sont celles que célèbrent les révolutions invisibles, les transformations sans date de commencement ni de caducité. Qui célèbre l'herbe quand elle pousse ? Le ciel changeant de couleur ? Qui célèbre la lecture d'un livre ? L'apprentissage d'un nouveau geste? Qui célèbre le dernier instant de bonheur avant une mort subite ? Il faut oublier les anniversaires. Il faut oublier les repères et laisser tomber les reliques. Pour célébrer toutes nos autres naissances possibles."
Céline
Pas le genre de chronique qui m'attire en ce moment. Et je trouve le bandeau de couverture tellement racoleur...
Rédigé par : Jérôme | 12 septembre 2019 à 12:55
En effet le bandeau est de trop, voir hors propos (il n'invite pas vraiment à une révolution sexuelle mais totale :-) )
Rédigé par : Céline | 12 septembre 2019 à 13:46
C'est "marrant"! J'ai entendu ce nom pour la première fois ce matin, en écoutant le podcast de Un Podcast à Soi sur le handicap des femmes. Dans cet épisode (et comme dans les autres), il y a des lectures d'extraits de livres. Et dans l'épisode sur le handicap, c'était des extraits de celui-ci, très beaux, très intelligents. Bref, tout ça pour dire ... que j'avais noté le nom et que c'est une belle coïncidence de le retrouver ici ;-)
Rédigé par : Fanny | 17 septembre 2019 à 11:43
Oui il y a des extraits magnifiques ! Et il est passé dans plusieurs podcasts si ça t'intéresse, ça rend parfois sa pensée plus accessible :-)
Rédigé par : Céline | 19 septembre 2019 à 13:50
Voilà un sujet qui m'interpelle ! C'est typiquement le genre de livres qui suscite la réflexion. Et je suis donc intriguée !
Rédigé par : Mélopée | 03 octobre 2019 à 18:08
Oui c'est clairement un livre qui t'amène à déconstruire pas mal de choses :-) C'est toujours intéressant de se confronter à ce genre de pensée !
Rédigé par : céline | 04 octobre 2019 à 13:14