Il m'est très difficile de résumer ce roman qui a fonctionné sur moi comme un envoutement. Happée dès les premières pages, je suis sortie des dernières avec une sensation physique, un léger d'étourdissement.
Car si j'ai toujours aimé Laura Kasischke, sa façon de faire basculer le quotidien dans l'horreur, sa vision cynique de l'Amérique et ses superbes descriptions de la nature et des êtres, elle ne m'avait jamais bluffée à ce point.
Mettant en scène l'univers clos d'une université, elle décrypte avec force et de talent les enjeux de pouvoirs entre professeurs, étudiants, sororités, et les dérives camouflée par le calme apparent d'un campus. Tout commence par un accident, durant lequel Craig, au volant, tue sa petite amie Nicole. Entre flashs backs sur l'année précédant le drame et histoire de revenants hantant le campus à l'heure actuelle, le lecteur plonge peu à peu dans une enquête aux frontières du surnaturel...
Les points de vue de différents personnages nous permettent de renouer les fils de cette étrange histoire, car qui était réellement Nicole, sous ses airs de parfaite étudiante américaine puritaine ? Et pourquoi Shelly, musicologue et première témoin de l'accident, ne peut relater sa version aux journaux sans qu'elle soit modifiée ? Perry, compagnon de chambre de Craig, a vu Nicole après sa mort, il en est sûr. Il va s'inscrire au cours sur les mort et ses pratiques ethnologiques données par Mira pour essayer de comprendre pourquoi des revenantes hantent le campus, allant jusqu'à avoir des relations sexuelles avec les étudiants. Laura Kasiscke parvient à nous faire plonger dans le destin de chacun de ses protagonistes en nous plongeant dans des petits détails de leurs quotidiens, des morceaux de leurs passés.
Le récit avance doucement, suivant le rythme des saisons, la sensation prime. L'histoire est sensuelle, sexuelle. C'est aussi un superbe roman sur la mort, les questions éternelles qui lui sont liées, le souvenir.
Cela faisait longtemps qu'un livre n'avait pas déclenché en moi cette pulsion d'attraper des mots à chaque petit instant libéré - au travail, dans le bus, en marchant. Policier, fantastique, roman d'ambiance ou d'apprentissage, ce livre ne peut se voir accoler aucune étiquette, sauf peut-être celle de chef d'oeuvre.
Céline
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