ENLIVREZ-VOUS !

"Le paysan de Paris", Aragon

  Au cours d'une déambulation dans le Paris des années 20, Aragon reprend les thèmes chers aux surréalistes : le rêve, l'amour, l'errance ("Tout me distrait indéfiniment, sauf de ma distraction même."). Il nous promène de ruelles en passages, interrompant ces descriptions d'annotations,de jeux de mots, de reproductions de journaux, de cartes de café, d'affiches... Car l'oeuvre littéraire est aussi plastique pour ces écrivains de l'esprit nouveau.

Mais par delà les aspects surréalistes de ce roman, c'est le regard neuf et original d'un jeune homme de 29 ans que l'on découvre dans cette oeuvre. Moins pédant qu'un Breton, Aragon mêle réflexions sur l'art et descriptions de la vie quotidienne, nous plongeant au coeur d'une période d'émulation intellectuelle et de foisonnement de l'imaginaire. Car ici, le surréel est au coeur même du réel.

"Le concret, c'est l'indescriptible : à savoir si la terre est ronde, que voulez-vous que ça me fasse?"

  A lire comme on flâne!

Céline

"Oracle night" de Paul Auster (5/5)

Pour la seconde fois, je me permets de critiquer le chouchou de Céline, Paul Auster, qui me conquière moi aussi peu à peu...

"Oracle night" est un livre sur l'écriture et l'étendue de son influence sur la vie.

Un écrivain qui récupère doucement d'un accident retrouve le goût d'écrire grâce à un carnet de note unique trouvé par hasard dans une boutique. Sa vie en est complètement chamboulée, et il lutte pour trouver un nouvel équilibre.
Un auteur à succès décrit dans un livre la mort accidentelle d'un enfant quelques années avant que sa propre fille ne se noie, et il choisit de ne plus jamais écrire par peur des conséquences.

Ce livre est magique. La langue de Paul Auster a sa propre vie, son rythme spécifique, et c'est un régal que de se laisser porter par elle. Quelle vie, quelle humanité, quelle poésie !

Milou

"Les racines du mal" de Maurice G. Dantec (3/5)

Une série de meurtres est attribuée à Andreas Schaltzmann. Mais un trio d'enquêteurs chargés de comprendre sa psychologie ne sont pas totalement satisfaits : certains meurtres ne collent pas avec sa personnalité. Ce sont des meurtres d'un sadisme sans nom, et peu à peu se dessine un réseau d'une cruauté redoutable, d'une inhumanité proche de celle qui a conduit à la Shoah.

J'ai bien du mal à critiquer ce livre. Sa lecture fut presque constamment désagréable, et je fus au bord de la nausée plusieurs fois.

Mais il faut avouer que l'écriture et le propos de Dantec sont originaux, audacieux, même.

La lecture des "racines du mal" m'a laissée sur un sentiment de dégoût de l'espèce humaine, sentiment qui m'est d'habitude totalement étranger. En soi, c'est certainement une résussite.

Milou

"Le joueur", Dostoïevski

  Au XIX siècle, à Roulettenbourg (ville de la roulette) en Allemagne. Alexi Ivanovitch nous plonge directement au coeur de l'action qui semble avoir commencé sans nous. Dans son journal, on découvre donc qu'il est le conseiller d'un général ruiné, plongé au milieu d'une famille noble tentant de se refaire au jeu en attendant la mort de la baboushka qui semble ne pas vouloir partir sans s'amuser un peu elle aussi. Le narrateur lui même va se laisser prendre au jeu par amour pour la fille du général.

  Une histoire en apparence toute simple mais où chaque rapport entre les personnages est complexe et décrit à merveille. On ne peut s'empêcher de s'attacher à tout ces personnages semblant courir à leur perte. On retiendra notamment l'apparition de la baboushka, un regal de témérité propre au toisième âge !

  Je ne connaissais pas Dostoïevski, mais cette courte histoire m'a donné envie de le découvrir.

Adrien

"Lignes de faille", de Nancy Huston

   A travers le regard d'enfants de 6 ans, Nancy Huston parcourt l'histoire d'une famille sur quatre générations, de 2004 à 1944. Ces enfants, que seul le lien du sang et un grain de beauté unissent, sont pourtant liés de manière inexorable par le drame originel de cette famille. Des Etats-Unis en Allemagne, en passant par le Canada et israël, Nancy Huston utilise le regard de l'enfance pour nous plonger au cœur des atrocités humaines.

  J'ai été bouleversée par ce livre. Que ce soit la chronologie inversée qui renforce la tension du drame, l'écriture subtile de l'auteur ou les personnages rajeunissant au fil de la lecture, tous les éléments de ce roman participe au chef d'œuvre.

  Je l'ai conseillé tout l'hiver en librairie sans l'avoir lu, et je réitère mon éloge en lectrice avertie!

Céline

"Tokyo" de Mo Hayder (5/5)

Quel choc !

Des les premiers mots j'ai été happée par l'histoire atroce de ce livre.

S'y rencontrent plusieurs tragédies humaines. Celle d'un universitaire chinois qui a perdu femme et enfant lors du massacre de Nakin par les Japonais. Celle d'une jeune fille anglaise élevée dans l'ignorance des réalités du monde et qui se déteste. Celle d'un Américain fasciné par le morbide. Et celle d'un Yakusa terriblement malade et enfermé dans sa paranoïa.

Chacun est forcé au cours de l'histoire de dévoiler son secret honteux.

Ce livre est une bombe. Une plongée terrifiante dans les penchants les plus noirs de la nature humaine.

Je cours acheter les autres livres de Mo Hayder.

Milou

"Une veuve de papier" de John Irving (5/5)

Il y a beaucoup d'écrivains, dans ce roman d'Irving : Ted, sa femme en fugue Marion, leur fille Ruth, et enfin l'ancien amant de Marion, Eddie. Chacun a son propre univers de roman, inspiré des événements qui les ont marqués : les peurs de l'enfance pour Ted, la perte de ses enfants pour Marion, la relation avec les femmes Mûres pour Eddie, et les histoires de couples ratées pour Ruth.

Les destins de ces 4 personnages sont malgré eux inextricablement liés.

J'avais lu beaucoup de critiques fort mitigées à l'égard de cet Irving. Je l'ai trouvé parfait en tous points, personnellement !

J'ai été profondément touchée par l'humanité des personnages et le tragique de leur histoire.

Je suis décidément une inconditionnelle ;-)

Milou

"ça" Stephen King

    Comment réagiriez vous si vos peurs les plus profondes se matérialisaient sous vos yeux ? Si les monstres de vos pires cauchemards, ceux que vous oubliez à l'instant même où vous ouvrez les yeux dans vos draps trempés de sueur, s'incarnaient dans la réalité ?

    C'est pourtant ce qui arrive à sept enfants de Derry alors que des meurtres inexpliqués terrorise la petite ville. 27 ans plus tard, ça semble recommencer et les anciens amis dispersés dans le pays vont revenir dans leur ville natale pour honorer la promesse qu'ils avaient scellée. Chacun abandonnant sa nouvelle vie et se remémorant les sombres évènements de cet été 1958, croyant les avoir oubliés pour toujours.

    Cela faisait quelques temps que je voulais m'attaquer sérieusement à l'univers de Stephen King n'ayant lu que "La tour sombre", ainsi que "Charlie" et "La ligne verte". "ça" semblait être la meilleure "mise en bouche". Ce livre est tout simplement terrifiant, chaque apparition vous comprime l'estomac. De plus, tout au long du bouquin des sentiments d'enfance reviennent vous assaillir, que ce soit la peur naïve ou la joie innocente.

    Je suis actuellement en train de finir le deuxième tome et je voudrais déjà en être à la dernière page du troisième volume ! Ames sensibles s'abstenir, car ce livre nous rappelle que malgré notre âge et la raison, ça n'est jamais bien loin...

Adrien

"Sainte Futile" de Alix Girod de l’Ain (1/5)

Une journaliste super branchée de « Modelle » frôle la mort et se fait sermonner sur sa vie futile par Dieu, sous les traits de Karl Lagerfield. Après cette expérience traumatisante, POP tente de se racheter en devenant une bigote insupportable.

Jusqu au jour où elle se rend compte que peut-être il y a un juste milieu…

Vous l'aurez compris dans mon résumé, Alix Girod de l'Ain, journaliste chez Elle, n'y va pas de main morte dans les clichés !

Une fois qu'on a finit de s'en agacer, reste une histoire tout juste divertissante.

A ne lire que si on n'a rien d'autre sous la main.

Milou

"Odette Toulemonde" de Eric-Emmanuel Schmitt (0/5)

Odette, une adorable petite dame qui voit la vie en rose, réconforte son écrivain préféré, en pleine déprime après les critiques acerbes sur son dernier livre, par une lettre si touchante qu il debarque chez elle quelques jours…

Quel ennui !

Dans ce recueil de nouvelles, Eric-Emmanuel Schmitt nous accable de bons sentiments à l’eau de rose, sans que ses personnages nous touche jamais.

C’est bien mignon tout ça, mais bon, je préfère quant il se donne la peine d’écrire de véritables histoires.

Seul bémol à mon indignation : la dernière nouvelle, qui raconte une tres belle histoire de femmes en prison.

Allez, Eric, sans rancune, mais avec ton talent tu n’as pas le droit de te laisser aller comme ça !

Milou