ENLIVREZ-VOUS !

"Fenêtres sur court" de Laurence Patri and Co (3/5)

J'ai attendu quelques longues semaines avant de m'autoriser à ouvrir ce fameux recueil de nouvelles, fruit du travail d'écriture en ligne de 7 auteurs différents, dont cette chère Laurence de Biblioblog. C'est donc avec gourmandise que j'ai attaqué "Fenêtre sur court"...

Chacune de ces histoires a son originalité, chaque auteur son propre style, avec en commun un goût certain pour le retournement de situation, l'effet de surprise.

J'ai eu un vrai coup de coeur pour la noirceur de Hervé Sard et la violence de Paul Colize.

Céline, toi qui aime tant écrire, je te le recommande !

Milou

"Seven types of ambiguity" Elliot Perlman (5)

  Simon est un homme charmant et raffiné, instituteur attentionné. Mais suite à une série d'enlèvements d'enfant, il se retrouve au chômage. Il commence à boire, à s'isoler : il rêve à son amour d'étudiant, Anna, qu'il n'a pas revue depuis dix ans, et cristallise jusqu'à l'obsession. Un jour, il kidnappe le petit garçon d'Anna après l'école. Sept personnes impliquées dans cette histoire d'une manière ou d'une autre raconte alors leur propre vision de l'histoire : sept sortes d'ambiguïtés.

  Premier coup de coeur de l'année 2007, ce livre est un chef-d'oeuvre! Les personnages sont subtils, le style de l'auteur profond et émouvant. J'ai été impressionnée par la plume d'Elliot Perlman, qui s'adapte à chacun de ses héros, décrit avec finesse les difficultés d'adaptation à notre société et nous emmène aux frontières de la normalité.

  Une critique tout de même : l'histoire paraîtra peut-être trop psychologique aux inconditionnels de l'action. Une question encore : est-ce une ode à l'amour ou une critique effrénée de la passion?

Céline

"Le premier amour" Santiago Amigorena

  Un jeune homme de 18 ans découvre l'amour et vingt ans après il revient sur cette épisode de sa vie. Rien de bien nouveau me direz vous, voir même de très intéressant car on peut vite tomber dans l'exhibitionnisme sentimental ou la thérapie littéraire...

  Mais cet auteur échappe à cet écueil. En effet, muet de naissance, Santiago Amigorena sait écrire (c'est son seul moyen de s'exprimer) et il décrit avec une sincérité touchante cet amour qui lui fait peu à peu quitter l'adolescence et l'emmène vers l'âge adulte. Il mèle subtilement humilité et narcissime en nous donnant à lire les poèmes qu'il écrivait sur le corps de sa douce pendant leur nuits d'amour : "Je voulais écrire sur elle - et sur elle."

  Bref, voici un magnifique poème qui donne envie de faire l'amour - et de faire l'Amour...

Adrien

"L'arbre des possibles", de Bernard Werber (3/5)

Bernard Werber m'a vraiment fascinée avec sa saga des "Fourmis" lorsque j'avais 13 ans. Depuis, je me suis également régalée avec "Les thanatonautes". Je trouve que c'est un auteur qui bouillonne de bonnes idées et qui sait les transformer en histoires.

"L'arbre des possibles" est justement un recueil de nouvelles, chacune étant inspirée d'une idée qui a traversé l'esprit de Werber et qu'il a pris le temps de coucher par écrit. Certaines sont vraiment originales : une main gauche qui s'émancipe et revendique ses droits, un homme qui choisit de s'extraire chirurgicalement de son corps pour penser, un jouet à créer des univers... D'autres histoires m'ont passablement ennuyée.

Mais une seule bonne histoire signée Bernard Werber justifie qu'on ouvre "L'arbre des possibles" !

Et puis, il m'a fait rougir avec son avant-propos : "J'aimerais être à vos côtés pour vous les raconter au creux de l'oreille"... le coquin ;-)

Milou

"La huitième couleur", de Terry Pratchett (5/5)

Bonsoir à tous !

Tout d'abord, je tiens à m'excuser pour ces semaines de silence radio : mon nouveau boulot me passionne et j'y ai quelque peu sacrifié notre blog... Mais je suis pleine de bonnes résolutions pour la nouvelle année. Et puis vous m'avez manqué, tous : Joan, Papillon, Laurence, Cuné, Hervé, la livrophile,...

Je commence l'année fort avec le premier volume des annales du Disque Monde de Terry Pratchett.

Rincevent est un mage raté et peureux vivotant de petites magouilles. Le cours tranquille de sa vie est perturbé par l'arrivée dans sa ville du premier touriste jamais vu sur son continent. Deux-Fleurs est l'opposé de Rincevent : de nature confiante et optimiste, il souhaite vivre de véritables aventures et tout connaître du Disque Monde. De multiples péripéties s'enchaînent suite à leur rencontre, ponctuées par l'apparition de personnages hauts en couleur et imprégnées de magie.

Mais ce n'est pas dans l'histoire en elle-même que réside le charme de "La huitième couleur". En fait, le narrateur est schizophrène : l'une de ses voix raconte avec emphase une fable merveilleuse, l'autre se moque avec cruauté des situations et des personnages. L'humour de Terry Pratchett est irrésistible !

Comme dirait Sébastien, à qui je dois cette découverte : "Terry Pratchett est à la fantasy ce que Shrek est aux contes de fées" ;-)

Milou

"Le papillon des étoiles", Bernard Weber

   Pollution, surpopulation, guerre, religion... La planète va mal, habitée par des hommes semblant détenir au coeur de leur gènes un réflexe d'autodestruction. Ainsi, lorsque se croisent les chemins d'un ingénieur incompris, d'une championne de voilier et d'un milliardaire un peu fou atteint d'un cancer, une seule solution semble s'imposer : "Le dernier espoir, c'est la fuite". Yves Kramer va donc inventer un voilier spatial pour partir à la recherche d'une planète habitable. Mais lorsque l'on prévoit un voyage de plus de 1000 ans, il faut bâtir une chaîne écologique pouvant abriter 144 000 passagers au sein du même vaisseau. Sans oublier bien sûr les autres terriens qui voient le projet d'un mauvais oeil...

  Encore une fois, Werber arrive à nous faire croire n'importe quoi. En effet, construire un vaisseau spatial en forme de papillon dont le tube central fait 32 km de long et 500 mètres de diamètre; ajouter une pesanteur dans ce cylindre en le faisant tourner et y mettre de la terre, de l'eau, des animaux et par dessus tout, 144 000 hommes... Celà semble peu crédible. Et pourtant la sauce prend, certainement grâce à ce don qu'a Bernard Werber pour décrire les micros-sociétés. Je n'ai pas lu ses derniers livres qui semblaient être moins bien, je garde donctoujours de cet auteur l'image mythique des Fourmis et des Thanatonautes.  Le Papillon des étoiles ne fait pas tomber le mythe.

Adrien, le frérot.

"Quelqu'un d'autre", de Tonino Benacquista (3,5/5)

  Après s'être affrontés sur un set de tennis, deux inconnus se retrouvent autour d'un verre et vont se lancer un défi fou : ils se donnent trois ans, jour pour jour,pour devenir "quelqu'un d'autre", cet autre qu'ils ont toujours rêvé d'être. Chacun se lance alors dans sa propre aventure, dans leur quête de cette identité perdue ou imaginée.

  D'emblée, le concept du livre m'a séduit. Mais on ne traite pas d'un tel sujet sans risque. Et malheureusement, Tonino Benacquista tombe dans certains écueils : les renversements de situation sont peu crédibles et les personnages parfois caricaturaux. L'histoire reste touchante, même si elle n'égale pas celle de Saga en émotion! Et pour notre plus grand plaisir, le style vif et hilarant de l'auteur ne lui fait pas défaut!

Céline

 

"Chrono-minets", de Isaac Asimov

  Un recueil de nouvelles originalement intitulé « The early Asimov », titre peut être plus approprié étant donné que cet ouvrage rassemble des nouvelles écrites par le jeune Asimov, étudiant en biologie, commentées par l’auteur lui-même.

 

On découvre donc l’univers riche et légèrement déjanté de cette figure emblématique de la science-fiction. Ses récits futuristes scientifiquement fondés mêlés à son sens de l’humour légèrement décalé, nous font tantôt atterrir sur une planète habitée uniquement par des robots positoniques, ou nous montrent un écrivain de polar populaire traqué par son propre personnage détective.

  Je ne connaissais pas Asimov (si ce n’est par le film « I, robot » qui est assez mauvais) et j’adhère ! Ces courtes nouvelles sont efficaces, la sauce prend et on est captivé. Si vous aimez la science fiction, il est évident que ça vous plaira !

Adrien, le pitchoun des soeurettes

"La vie interdite", de Didier Van Cauwelaert (4/5)

  "Je suis mort à sept heures du matin. Il est huit heures vingt-huit sur l'écran du radio réveil, et personne ne s'en est encore rendu compte."

  Les premiers mots du livre nous plongent immédiatement dans l'aventure rocambolesque de Jacques Lormeau, mort à 34 ans. Le héro du livre va alors être promené de souvenir en souvenir, de l'esprit de sa femme à celui de sa maîtresse ou encore de son propre fils... Mais comment, une fois mort, protéger nos chers de la douleur et des mesquineries?

  Un  roman très drôle, touchant et séduisant, même si la chute nous laisse sur notre faim... Les déceptions, les non-dits, les ratés :autant d'erreurs qui ne heurtent le personnage principal qu'après sa mort et nous donne envie de réaliser nos rêves avant qu'il ne soit trop tard ! J'ai été émue et surprise par cette petite histoire, qui, finalement, nous parle bien plus de la vie que de la mort. 

Céline

"Quatrevingt-treize", de Victor Higo

  "Il n'y a qu'une urgence, la République en danger. [...]
- La question est de savoir où est l'ennemi.
- Il est dehors, et je l'ai chassé, dit Danton.
- Il est dedans, et je le surveille, dit Robespierre."

  Ces hommes se disputant le contrôle de la République ont tous les deux raison. En effet, en cette année 1793, la République naissante est menacée par les Anglais qui se sont alliés aux monarchistes français, menace intérieure fermement ancrée en Vendée.

  La France entière est concernée par ce combat -bien que la plupart des Français ignorent réellement ce qu'il se passe- car c'est le destin de leur pays qui se joue. C'est pourquoi Hugo décide de nous narrer le destin d'hommes et de femmes qu'apparemment rien ne rapproche : le marquis de Lantenac et Gauvain, oncle et neveu divisés par leurs opinions politiques ; un prêtre sanguinaire, Cimourdain, abattant son épée pour faire tomber les têtes des monarchistes, aussi facilement qu'il abat sa main pour bénir les républicains ; Radoub, chef d'une division parisienne, au coeur aussi vaillant que simple, et même une paysanne et ses trois enfants. Pourtant, toutes ces personnes se retrouveront impliquées dans le combat décisif de la Tourgue.

  Hugo nous décrit à la perfection chaque décor, situation et action, avec un soucis de la précision nous permettant de nous figurer une image précise de cette année 93, où la frontière entre héroïsme et barbarisme était imprécise et fréquemment franchise. On voyage donc deux cents ans en arrière, découvrant la décoration éblouissante du palais des Tuileries où siège la Convention, ainsi que les sombres plaines de Vendée où les monarchistes se tapissent dans des dédales souterrains.

  C'était ma première rencontre avec le grand Totor, et il m'a séduit. Si vous avez besoin de réviser vos classiques, n'hésitez pas à le (re)découvrir !

Adrien, le pitchoun des deux soeurettes