ENLIVREZ-VOUS !

"Le monde selon Garp" de John Irving (5/5)

Je suis frustrée : voilà 3 semaines déjà que je n'ai pas écrit une seule critique :-/
La raison en est très simple : je suis en train de me battre avec "Until I find you" de John Irving, pavé de plus de 1000 pages que ma soeurette m'a généreusement prêté... en anglais, s'il vous plaît !

Je me régale, mais je n'en suis qu'au tiers, et je ne peux pas attendre encore 6 semaines pour vous parler du grand Irving.

Je vous livre donc dès aujourd'hui mon coup de coeur pour "Le monde selon Garp" :-)

Garp a reçu son prénom en une sorte d’hommage douteux aux gargouillis qu’émettait son père, un invalide de guerre dont sa mère a abusé sexuellement pour avoir un enfant.

Sordide ? Pas du tout ! La tendresse que voue Irving a ses personnages est à la mesure de la cruauté des situations dans lesquelles il les place. « Le monde selon Garp » est un livre à la fois violent, poétique et drôle. Une magnifique fable, dont l’on sort en se frottant les yeux et en souhaitant voir le monde à travers ceux de Garp.

Ce roman est selon moi un incontournable, et c’est aussi le livre préféré de mon homme, qui est bien plus difficile que moi ;-)

Parmi les autres titres que j’ai lus, je vous conseille également : « L’hôtel New Hampshire », « Liberté pour les ours », « L’épopée du buveur d’eau » et « Les rêves des autres ». Par contre, évitez à mon sens « Un mariage poids moyen ».

Et je vous retrouve bientôt – enfin, je fais mon maximum ! – pour vous donner mes impressions sur « Until I find you » :-)

Milou

"La femme de Gilles", Madeleine Bourdouxhe (4/5)

 Elisa est la femme de Gilles, un bel ouvrier attentionné. Ensemble, ils mènent une vie calme et heureuse à la campagne avec leurs enfants. Jusqu'au jour où Gilles s'éprend de la soeur d'Elisa à en devenir fou. Commence alors pour Elisa des longues heures d'attente et de souffrance : pour retrouver son homme, elle sera mère, confidente, amie.

  Un très joli livre au rythme mélancolique et langoureux, qui nous parle de l'amour que l'on porte aux autres, de sa force vitale et destructrice à la fois. La douleur des personnages est poignante, même si l'histoire est un peu lente. Ce roman date de 1936, et malgré ses petits aspects obsolètes, il nous touche toujours autant. Et puis, voilà un peu de littérature belge pour changer :-)!

Céline

 

"La semeuse", de Fabrice Melquiot (5/5)

   "Le goût du café dans ma bouche me rappelle celui du thé dans la tienne"

  Elle part, elle voyage. Au fil des pays et des comptoirs, elle sème des mots, sème son amour déçu, délaissant un à un les poèmes de son amant ("Je me laisse pousser la bouche pour t'embrasser toute entière"). Cette pièce est un dialogue de rupture entre le "elle" réel et le "lui" écrit. C'est la semeuse...

  Fabrice Melquiot est un jeune auteur de théâtre contemporain, au style à la fois vif et poétique. Il nous transporte entre rire et larmes, nous touche, nous ballade au fil des mots. Dans La semeuse, il décrit avec finesse les aléas de l'amour et des ruptures, sans jamais trébucher sur les clichés du romantisme.

Un livre exceptionnel, qui gagne à être connu!

Céline et Sam

"Canines", de Anne Wiazemsky (4/5)

  Alexandra débute en tant que comédienne. Suite à une aventure avec un metteur en scène aussi talentueux que tumultueux, elle obtient un rôle dans une pièce montée pour le festival d'Avignon. Elle sera confrontée au stress, aux pressions psychologiques, aux débordements affectifs, à l'enthousiasme et à la magie qui accompagne la vie d'artiste.

  D'une salle de répétition parisienne au in du festival d'Avignon, cette histoire nous révèle les différents aspects du monde du spectacle. L'héroïne est touchante de naïveté, l'histoire et les personnages bien ficelés : si vous êtes curieux des mystères du théâtre, ce roman est à ne pas rater!

Céline et Sam

"Les jeux de l'amour et de la mort", de Fred Vargas (2/5)

Fred Vargas est l'un de mes auteurs de polars préférés.

Ses intrigues glauques, son humour caustique et son amour des personnages vous garantissent de merveilleux moments de frissons et de détente.

C'est certainement pourquoi "Les jeux de l'amour et de la mort", son premier roman, m'a tellement déçue... Les personnages sont mal définis, l'histoire abracadabrante, les effets de suspense trop gros. Je me demande bien comment on a pu lui attribuer le Prix Cognac !

Bref : jetez-vous vite sur tous ses romans... a part celui-ci ;-)

Milou

"Moon Palace" de Paul Auster (4/5)

Paul Auster, c'est la chasse gardée de Céline, en principe, mais bon... ;-)

C'est l'histoire d'un jeune-homme qui suite à la perte du dernier membre de sa famille se clochardise avant d'être sauvé par des amis. Il fait alors la rencontre d'un vieillard irascible qui le choisit pour coucher par écrit la rocambolesque histoire de sa vie. Des parallèles troublants entre leurs destinées se dessinent.

Ce roman reprend des thèmes chers à Paul Auster : le voyage, la solitude, la destinée. Le résultat n'arrive pas à la cheville du "Livre des illusions", mais c'est pardonnable quand on met la barre aussi haut !

Milou

"Ne le dis à personne", Harlan Coben (3,5/5)

   David Beck est pédiatre dans un service médical de la banlieue New-Yorkaise. Sa femme a été assassinée il y a huit ans par un sérial killer. Depuis, il se perd dans son travail et flirte avec l'alcool... Mais un jour il reçoit un mail anonyme qui le dirige vers des images de caméra de vidéo surveillance... Il y voit sa femme au milieu d'une foule, qui le regarde et lui sourit... Une mauvaise blague? Est-il possible qu'elle soit vivante? Et pourqoui la police semble-t-elle tout à coup persuadée qu'il est le meurtrier?

  Une course poursuite effrénée dans les rues de new-York, du suspense et des rebondissements : Harlan Coben maîtrise les ficelles du bon polar qui tient en haleine un soir durant... Dommage que les touches à l'eau de rose gâchent un peu la lecture de ce thriller.

  Enfin, si comme moi vous préférez vivre stress et meurtre dans votre canapé, je vous le conseille pour les longues soirées d'hiver! Et lisez la critique de Joan, il a adoré: livressedessens !

  Céline

"La fête au bouc" de Mario Vargas Llosa (4/5)

  Ce roman relate l'histoire de la République dominicaine sous la dictature de Trujillo de 1930 à 1961. Pour ce faire, l'auteur mêle trois destin : celui, fictif, d'une femme ayant fui Saint-Domingue il y a plus de 20 ans et qui retourne au chevet de son père ex-trujilliste ; celui, véridique, des assassins de Trujillo et, bien sûr, celui du tyran, "le bouc".

  Une construction complexe, un livre long et d'une violence difficile à supporter. Mais si les premières des 600 pages de ce livre nous perdent un peu, les dernières nous donnent envie de tout recommencer... L'écrivain hispano-péruvien dénonce une dictature pour ouvrir le procès à toutes les formes de tyrannie humaine.

  "La tasse de café ou le verre de rhum devaient avoir meilleur goût, la fumée de tabac, le bain de mer par une chaude journée, le film du samedi soir ou les merengues devaient laisser dans le corps et l'esprit une sensation plus agréable quand on disposait de cela que Trujillo avait ravi aux dominicains depuis trente et un ans : le libre arbitre."

  Un feu d'artifice cinglant, sanglant, poignant... Ne ratez pas le bouquet final!

Céline

"Amour, Prozac et autres curiosités" de Lucia Etxebarria (4/5)

Lucia Etxebarria raconte les histoires croisées de 3 soeurs, chacune stigmatisant à sa façon l'Espagne des années 90 : l'aînée est une femme au foyer exemplaire qui s'épanouit dans les taches domestiques, la seconde est une business women qui a tout sacrifié à sa carrière, et la cadette évolue dans le milieu des bars technos branchés et de l'Ectasy.

Chacune a son antidépresseur attitré.

Si les personnages peuvent paraître au début un peu caricaturaux, tout le livre tend à montrer combien ces trois soeurs sont semblables malgré leurs vies en apparence si éloignées. Personnellement, je me suis identifiée successivement à chacune d'entre elles. Peut-être est-ce le sort de la femme moderne que d'être perpétuellement tiraillée entre le besoin de stabilité, le devoir de réussite sociale et le désir de plaire?

Un bon bouquin pour les nanas !

Milou

"La part de l'autre", d'Eric-Emmanuel Schmitt (5/5)

J'étais inquiète en commençant "La part de l'autre" : imaginer qui aurait pu être Hitler s'il n'avait pas été refusé à l'Académie des Beaux-Arts me semblait un exercice pseudo-psycho facile, voire un peu prétentieux.

En fait, le sujet se révèle bien plus difficile à traiter que ce que je croyais, et E-E Schmitt ne tombe dans aucun des écueils que j'avais imaginé : aucun manichéisme, ni analyse psychanalytique bâclée. Il rend les deux personnages profondément humains et ancrés dans le contexte historique de leur époque.

Et c'est de cela dont j'aurais du m'inquiéter ! Car éprouver de l'empathie pour Hitler, mettre quelques secondes avant de réaliser que l'on est passé de l'un à l'autre des personnages, voilà un sentiment absolument terrifiant... Avec "La part de l'autre", j'ai fait l'expérience de tous mes mois possibles, les plus noirs inclus.

Ce livre est une bombe.

Milou