Lou, jeune homme 24 ans, dévore d'une traite les 11 livres que forme l'oeuvre de Caroline N.Spacek. Les thèmes abordés et la violence du style font écho à sa propre enfance déchirée, et il ne peut faire autrement que de prendre contact avec la romancière de 39 ans. A sa grande surprise, Caroline N.Spacek l'invite dans sa demeure de la campagne anglaise où elle vit recluse, loin de l'agitation du milieu éditorial et médiatique. Lou pensait rester quelques jours, il passera l'été en compagnie de l'écrivain, à partager des cocktails et recueillir ses confessions.
Dans ce premier roman, Julia Kerninon happe son lecteur avec un récit parfaitement maîtrisé, les informations qu'elle distille sans jamais trop dévoiler, et un style superbe qui colle parfaitement à l'histoire qui nous est contée.
Rarement l'écriture ne m'a semblé plus liée à la vie que dans ce roman. Les mots y sont des actes d'amour, de violence, une tentative de survie comme une exécution.
J'ai lu ces quelques 190 pages en apnée, bluffée par la violence et la beauté de ce roman. Non vraiment, dans Buvard, aucune phrase n'est de trop...
Découvert sur la blogosphère au fil de mes passages chez Chaplum, Keisha, Cuné... Et beaucoup d'autres, je ne suis d'ailleurs jamais tombée sur un avis négatif !
Céline
"Aucun mot ne pouvait vraiment dire la tristesse de mon enfance et de la sienne. Le langage était un code trop articulé pour dépeindre nos saccages respectifs."
"Il n'y a pas beaucoup de choses qui rivalisent avec le silence et aucune avec celui d'Elvis Romano Lang quand il faisait des ronds avec ses hanches pour venir plus profond, essayer d'aller plus loin, ça tapait à l'intérieur, des heures plus tard, et ça se confondait avec mon coeur, avec le bruit sourd des épis de mais s'entrechoquant au dessus de nous, dans la prairie à l'odeur d'essence."
"L'amour, elle avait dit, est quelque chose qui se produit hors de notre portée, et tout ce qu'on peut espérer au fond c'est la réciprocité. "
"Mais ce n'était pas un livre. Pas encore. C'était d'abord sa vie, et plus on avançait dedans, plus on aurait dit un champ de mines. Le danger était partout, lové derrière chaque mot, prêt à bondir, anticipé."
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