Au coeur des années 70, la famille Mulvaney mène une vie joyeuse et unie dans leur ferme de la petite ville de Mont-Ephraim. Michael a bien réussi, Corinne est croyante et un peu déjantée, et leurs quatre enfants, Mike, Patrick, Marianne et Judd s'entendent et s'épanouissent avec chacun leur petite personnalité. Une famille américaine chrétienne parfaite, avec juste ce qu'il faut de délurée, d'atypique pour être profondément attachante.
"Longtemps vous nous avez enviés, puis vous nous avez plaints"
Un soir, Marianne, la jolie, douce, pieuse et charitable Marianne, si populaire, si aimée, revient bouleversée de son bal de fin d'année. Elle ne dit rien, prends sur elle le fardeau, mais bientôt, le scandale du viol éclate. Cet évènement tragique pèsera sur chacun des membres de la famille, et les séparera peu à peu. Car s'il semble que le bonheur se partage aisément, la rage, la douleur, l'humiliation et le désir de vengeance fera exploser cette tribu unie. Nous suivrons alors les destins solitaires de chacun, jusqu'à une infime mais possible rédemption.
Je désirais découvrir l'oeuvre de Joyce Carol Oates depuis un moment, mais cet auteur est tellement prolifique que je ne savais pas vers quel titre me tourner ! Après un essai raté avec Petite soeur, mon amour, que je n'ai pas terminé, j'ai découvert Nous étions les Mulvaney sur le blog de Kathel.
Et en effet c'est une superbe saga familiale que celle des Mulvaney, avec sans pathos ni jugement de l'auteur, son lot de petits drames, de tragédies et de réconciliations. J-C Oates est très forte, elle parvient à nous plonger au coeur d'une famille, de sa chaleur, ses petits bonheurs, ses traditions qui lui sont propres, on s'y sent bien et puis, tout explose. Le sujet du viol est abordé d'une façon qui m'a d'abord surprise (c'est un peu la double peine pour la victime), mais qui finalement me semble cruellement réaliste.
L'auteur fait l'autopsie d'une société, et des individus qui la forment, dans laquelle l'apparence du bonheur prime par dessus tout, dans laquelle les victimes n'ont pas leur place.
700 pages passionnantes, avec quelques longueurs peut-être dans la seconde partie, mais une description brillante de la société américaine et de la trajectoire d'une famille touchée par le drame.
Une lecture que je conseille vivement aux friands du genre :-)
Céline
Les commentaires récents