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"Tours et détours de la vilaine fille" de Mario Vargas Llosa

  Dans les années 50, à Lima, Ricardo tombe fou amoureux d'une vilaine fille, cette petite chilienne qui vient troubler le fêtes adolescentes de la bonne société du Pérou. Mais celle-ci déjà batifole sans se laisser toucher et laisse le "bon garçon" en plan. A Paris, où Ricardo va vivre pour réaliser son rêve, il la retrouvera à de nombreuses reprises sous des identités toujours renouvelées...  En guérillera, femme de diplomate ou encore maîtresse d'un étrange yakusa, Ricardo n'a de cesse d'aimer passionnément sa vilaine fille et fera tout pour la retrouver.

  Ce roman, qui au départ m'a semblé sympathique mais léger, gagne en profondeur et en intensité au fil des pages. Cette histoire d'amour m'a énormément touchée, et j'ai été (une fois de plus !) séduite par le style de Vargas Llosa, sa plume toujours légèrement en retrait de son récit, et sa façon si particulière de nous décrire sobrement des sentiments puissants. Une réserve très agréable lorsqu'il s'agit de passion, et qui nous permet de mieux nous approprier les personnages et leurs vies.

Après la Fête au bouc, qui m'avait bouleversée, Tours et détours m'a conquise : décidement, Vargas Llosa peut s'atteler à tous les sujets !

Céline

"Le syndrome Copernic", de Henri Loevenbruck

Vigo Ravel sait bien qu'il est schizophrène. Ce n'est pas pour rien qu'il se rend chaque semaine au cabinet du Dr Guillaume pour vaincre ses hallucinations auditives.
Pourtant, ce matin du 8 aout, le Tour SEAM de La Défense a bien explosé, quelques secondes après que la voix dans sa tête l'ait convaincu d'en sortir... Et puis, ces hommes en smoking qui le poursuivent, le cambriolage de son appartement, ses parents qui disparaissent brusquement, tout cela ne peut pas être une coïncidence, quand même !
Souffre-t-il, comme a l'air de le penser son nouveau psy, du syndrome Copernic, sorte de paranoïa ? Ou est-il réellement victime d'un complot ? Luttant constamment pour distinguer le réel du fantasmé, Vigo arrête son traitement et mène l'enquête sur sa véritable nature / identité.

Par certains côtés, "Le syndrome Copernic" m'a fait pensé à "Matrix" : difficulté à distinguer le vrai du faux, rébellion d'un groupe de cyber-pirates amoureux de la vérité, manipulation à grande échelle, perte de l'Humanité,...
Ce thriller psychologique et politique est mené de main de maître, et m'a tenue en haleine jusqu'au bout.

Milou

"L'hôtel New Hampshire", John Irving

  "L'été où mon père fit l'acquisition de l'ours, aucun de nous n'était né."
  Ainsi débute l'histoire de la famille Berry... Les destins de Franck, Franny, John, Lilly et Egg sont ainsi d'emblée liés aux rêves de leur père, Win Berry, qui désire par dessus tout faire fonctionner un bel hôtel, un hôtel charmant et distingué. Du premier hôtel New Hampshire, aux Etats-Unis, à celui de Vienne, quartier général des prostituées et des révolutionnaires, la petite famille va partager des illusions et des tragédies, mais surtout chacun va y apprendre à vivre - ou à mourir.

  Des personnages multiples mais d'une densité rare, des situations improbables mais si crédibles, si réelles : Irving a l'art de conter des histoires de vies drôles et bouleversantes. L'hotel New Hampshire ne fait pas défaut à sa liste de chefs d'œuvre : il y traite de sujets difficiles et tabous (comme le viol et l'inceste), mais une forme de légèreté qui ne les rend que plus parlant.
Son style, son imagination et son univers parlent avec force de la vie, et une fois de plus Irving m'a émue jusqu'aux larmes.
 
  J'avais été séduite par Le Monde selon Garp, bouleversée par Je te retrouverai et L'Hotel New Hampshire n'a fait que confirmer une maladie débutante : je suis devenue une "Irving addict" !

  Je terminerai cette note par la -fameuse- dernière phrase du roman : "Il faut toujours faire bien attention aux fenêtres ouvertes."

Céline

 

"Spectres", de Dean R. Koontz

Lorsque Jenny rentre avec sa soeur à Snowfield, le village est étrangement calme.
D'un calme qui n'a rien de paisible... un calme mort, inquiétant.
Après la découverte du corps de leur femme de ménage dans la cuisine, les deux sœurs s'aperçoivent que la petite ville de montagne a été entièrement désertée ! Affolées, elles appellent la police.
Commencent alors 2 jours de terreur intense, pendant lequels elles auront à affronter une "Chose" inexprimable venue des profondeurs de l'Histoire.

Cette lecture est mon 1er contact avec Dean R. Koontz, auteur de littérature d"épouvante qui m'a été chaudement recommandé.
Il faut dire que nous ne partons pas du bon pied, lui et moi ! Malgré un scénario tout à fait original et bien fini, les personnages de ce roman manquent de caractère, et je trouve l'écriture (la traduction?) maladroite.

A aucun moment je ne me suis sentie vraiment concernée par l'histoire. Cela ne vaut vraiment pas un bon Stephen King, qui reste pour moi le maitre incontesté dans son genre !!!

Milou

"Le petit copain", Donna Tartt

   La jeune Harriet Cleve vit une enfance douloureuse dans le sud des États-Unis. Alors qu'elle était encore nourrisson, son frère Robin a été trouvé pendu dans la cours de leur maison. Elevée dans l'ombre de ce dernier, entre un père démissionnaire, une mère et une soeur anéanties, Harriet décide, l'été de ces 12 ans, de résoudre ce meurtre jamais élucidé avec l'aide d'un ami...

  L'intrigue est floue, l'action lente, le mystère jamais résolu. L'auteur se perd en digressions inutiles : le suspense initial tombe vite dans l'ennui, et nous aussi. L'héroïne s' avère horripilante après quelques pages,et  aucun des autres personnages n'est assez approfondi pour devenir touchant.

Ce roman m'a vraiment déçue, surtout après la lecture du Maîtres des illusions, que j'avais trouvé excellent.

Céline

"Malavita encore" de Tonino Benacquista

   La fameuse famille de mafioso repentis se trouve cette fois cachée dans la Drôme. A peine reposée de ses précédentes (et rocambolesques) aventures, les Manzoni dixit Blake dixit Wayne se préparent à de nouveaux bouleversements...

  Fred, sous la risée de ses proches, s'acharne à trouver l'inspiration pour écrire un troisième roman, et se plonge avec nostalgie dans ses souvenirs d'ancien Capo. Quant à Maggie, elle se lance dans la petite restauration à Paris, mais c'est sans compter sur les embûches du géant de la pizza d'à côté. Tiraillée entre son besoin d'indépendance et le désir d'une protection maintes fois donnée par son mari, Maggie voit ses relations avec Fred prendre un jour nouveau... Et les enfants, devenus grands, partent en quête d'identité entre leurs premiers amours et un modèle de clan difficile à éviter.

  J'ai ouvert la première page de ce roman, et ne l'ai plus lâché. Je ne m'attendais pas à découvrir un jour une suite de Malavita, mais là, j'en réclame encore ! Ce second tome poursuit superbement le premier : il approfondit les personnages complexes et attachants, tout en évitant de répéter un enchaînement d'évènements semblables au premier. Quant à la fin, elle peut devenir une belle chute comme présager d'un troisième tome...

  Benacquista prouve à nouveau son grand talent de conteur, et nous livre une histoire drôle, émouvante et passionnante. Sa plume simple et son originalité persistent à me faire craquer !

Céline

PS : A priori fan aussi de Benacquista, Amanda a été plus mitigée à la suite de cette lecture. N'hésitez pas à jeter un oeil à sa note pour avoir un autre avis !

Quelques photos "LTT" rien que pour vous :-)

Suite à notre conversation avec Amanda, c'est avec étonnement que nous avons réalisé que ce que nous prenions pour une blague entre soeurettes n'amusait pas que nous...

Alors c'est parti, ce soir rien que pour vous quelques photos supplémentaires dans notre album photos "Lectrices Tout Terrain" :

"En partageant un canapé" :

 

"En passant l'aspirateur" et "En passant l'aspirateur bis" :

 

(avec l'aimable participation d'Alex)

 

 

Voilà... Nous nous amusons beaucoup à trouver des idées de plus en plus saugrenues sur ce thème de la lecture en toutes circonstances !!!

Si vous en avez d'autres nous sommes preneuses... hihi  ;-)

Céline et Milou

 

"La citadelle des ombres", de Robin Hobb

Il n'est pas aisé d'être le fils illégitime d'un prince.
Fitz, "le bâtard", le comprend très tôt à ses dépends, lorsque le Roi Servant le prend sous sa protection.
Pas assez royal pour connaitre les privilèges du sang, pas assez commun pour être libre de ne pas servir la couronne, Fitz a du mal à renoncer à diriger sa propre destinée et rechigne à suivre sa formation d'assassin du roi. Mais lorsque les Six Duchés sont attaqués par les Pirates Rouges, c'est sans regret qu'il est prêt à sacrifier sa vie pour les défendre...

Sur la quatrième de couverture de "La citadelle des ombres", un critique compare Robin Hobb à JRR Tolkien, vous vous rendez compte ?!
Je n'osais pas y croire avant d'entamer la lecture de cette fresque superbe et passionnante. Et pourtant c'est vrai : Robin Hobb parvient à créer un univers complet, riche, coloré, dans lequel évoluent des personnages bouleversants.

La tragédie grecque et la littérature fantastique sont réunies dans ces 2 tomes.
A lire absolument !

Milou

PS : Et en plus Sébastien vient de me prêter la suite... Je vous en dirai des nouvelles :-)

"Kuru", de Thomas Gunzig

Fred est un type banal et migraineux, qui vit au crochet de son père sous le prétexte d'une thèse à finir. Ses amis (du nombre de 4), alter mondialistes  et plein d'entrain révolutionnaire, l'entraînent à Berlin pour manifester lors du rassemblement du G8. Fred s'en fout un peu du G8, en fait il se fout un peu de tout, sauf de sa cousine Katerine.

  Katerine, quant à elle, à un cul parfait, un compte en banque bien rempli et un mari superbe, Fabio. Mais voilà, le beau conjoint est éjaculateur précoce et les hormones de Kat commencent à lui jouer des tours... Ils partent donc en couple dans une clinique un peu spéciale à Berlin pour régler le problème de Fabio.

  Thomas Gunzig nous entraîne dans un Berlin sombre et quasi fantastique, où les destins se mêlent et la paranoïa règne. Magie, politique et déboires amoureux s'enchaînent dans cette histoire un peu tirée par les cheveux. L'intrigue et l'absence de chute m'ont déçue, et la critique virulente de notre démocratie tombe à l'eau, car trop mal portée par le récit. Ce qui aurait pu devenir une belle contre utopie n'est en fait qu'un petit roman peu divertissant...

  Reste que Thomas Gunzig est un jeune auteur intéressant, mais pour le découvrir, plongez-vous plutôt dans Mort d'un parfait bilingue, bien plus poignant.

Céline

"37°2 le matin", Philippe Djian

  Le narrateur est un homme qui aime vivre sa vie tranquille, fumer sa clope au soleil le matin et déguster un bon chili de temps à autre. Et il a beau écrire à ses heures perdues, il ne croit pas vraiment en son talent. Mais voilà, il est fou amoureux de Betty, cette belle fille un peu givrée, et elle, elle court après quelque chose qui n'existe pas.  Alors, lui, il la suit dans ses espérances et sa folie.

  Avec une plume passionnée et imagée, mais sans prétention, Djian nous plonge au cœur d'une histoire d'amour superbe et déchirante. Les émotions se succèdent sans nous laisser de répit, et je suis passée de la tendresse à l'angoisse en quelques pages. L'auteur décrit avec talent les sentiments extrêmes, la dépendance, la douleur, la fusion, et la lente dégradation mentale. Car où et quand se trouve la frontière entre la folie séduisante et le cas psychiatrique ?

  Alors que j'avais été un peu sceptique face à Doggy Bag, la lecture de 37°2 le matin m'a toute retournée !

Céline