ENLIVREZ-VOUS !

"Les oreilles de Buster", de Maria Ernestam

  "J'avais sept ans quand j'ai décidé de tuer ma mère. Et dix-sept ans quand j'ai finalement mis mon projet à exécution."

  Ainsi commence le journal intime d'Eva, 56 ans, une sympathique retraitée qui cultive ses rosiers et mène une vie apaisée avec son compagnon Sven. Un peu par hasard, suite au cadeau d'un carnet intime par sa petite fille, elle décide d'écrire ses mémoires. Chaque nuit, souvent accompagnée d'un petit cognac, Eva prend sa plume et plonge dans un passé sombre et enterré. Peu à peu, elle livre au lecteur les blessures infligées par sa mère lunatique et dévalorisante et le pieu inébranlable planté par le premier amour. Au fil du récit passé, entrecoupé par celui du quotidien d'Eva, l'on découvre comment la petite fille meurtrie par l'incapacité d'être aimé de sa mère met son grand projet à exécution.

   Oh comme ces confessions d'Eva m'ont plu ! Découvrir peu à peu, à mesure des souvenirs où se mêlent candeur et perversion, ce qui aboutira au matricide annoncé, est un jeu de piste émouvant et intriguant. Parfaitement mené, ce roman m'a maintenue aux aguets jusqu'à la dernière page. Fragile et touchante dans ses vaines tentatives d'être aimée, la petite Eva peut aussi se montrer implacable, manipulatrice et déterminée lorsqu'il s'agit de se venger des injustices subies (le sort réservé à Bjorn m'a fait frémir...Et beaucoup rire !). C'est aussi cette ambiguïté propre finalement à tout être humain que je trouve très bien décrite dans ses pages... Un conte tour à tour cruel, romantique, amusant, mais toujours passionnant !

Merci à Reka et Théoma pour ce conseil avisé !

Céline

"Les débutantes", de J.Courtney Sullivan

  L'université de Smith aux Etats-Unis, réservée exclusivement aux femmes, est réputée pour avoir formée de grandes figures du féminisme. Bree, Celia, April et Sally partagent le même étage, la même salle de bain. Durant les quatre années d'université, elles vont partager leurs rêves et leur vision du monde, leurs amours et leurs cuites déjantées. Diplôme en poche, elles s'éloignent géographiquement mais restent proches les unes des autres. Chacune à sa façon cherche sa place en tant que femme dans la société, et leurs choix personnels ne se feront pas toujours sans heurter les convictions de leurs amies.

  En lisant la quatrième de couverture de ce livre je me suis dit : un roman de campus américain, féminin et léger sans être idiot, parfait pour me sortir de ma panne de lecture ! En effet, les pages se tournent avec aisance et plaisir et j'ai beaucoup aimé suivre le destin de ses quatre jeunes femmes à l'orée de leur vie d'adulte. La réflexion sur le féminisme et la difficulté de se positionner en tant que femme (mère, combattante, célibataire, amoureuse, carriériste...) est très bien amenée et plutôt bien approfondie. L'alternance des points de vue offre une dynamique très agréable et que j'aime souvent retrouver dans les longs récits. Ce premier roman comporte quelques maladresses (j'ai notamment trouvé le retournement final peu gros), mais offre une très belle histoire d'amitiés et de femmes dans notre société contemporaine.

Céline

Panne de lecture

Alors que soleil rime avec lecture sur un plaid, que je profite chaque année de cette saison pour dévorer pavés sur un bout de gazon, me voilà depuis quelques semaines en véritable panne de lecture...

Chose inhabituelle et malgré des vacances très sympathiques, tous les livres en cours me sont tombés des mains !

 J'ai d'abord connu un cuisant échec avec Middlesex, de Jeffrey Eugenides. J'avais récemment lu et aimé Le roman du mariage du même auteur, et l'avait donc glissé avec optimisme dans mon sac pour les vacances. Mais impossible de lire plus de trois pages d'affilée sans me déconcentrer. Malgré quelques anecdotes amusantes, j'ai trouvé le démarrage du récit très fastidieux. On peine à entrer dans le vif du sujet, et je n'y suis d'ailleurs pas parvenue ! Le délai de retour de la bibliothèque bien dépassé et le roman à peine entamé, je me suis résignée.

  Puis je me suis acharnée sur Mars de Fritz Zorn, bien décidée à aller au bout de ce classique après mon abandon des vacances. A la moitié du récit j'étais à la fois déprimée et ennuyée par l'histoire de ce jeune homme, atteint du cancer à 30 ans des suites de son éducation puritaine et bourgeoise. Bien sûr sa prise de conscience sur la platitude de sa vie est nécessaire, mais les répétitions à l'infini des anomalies de sa personnalité et de son éducation pèsent à force sur le lecteur. Le récit a été plusieurs fois adapté au théâtre, et je pense que les coupes et la dynamique du jeu doivent lui rendre sa force (certaines phrases sont très belles). Plombée, j'ai finalement abandonné.

 Sont aussi passés rapidement entre mes mains sans me convaincre : Rainbow pour Rimbaud de Jean Teulé, Désaccords Imparfaits de Jonathan Coe et le 6° continent de Daniel Pennac.

J'espère que cette période touche à sa fin car mon petit bouquin, mon compagnon du quotidien commence à sacrément me manquer ! Des remèdes à mon mal ? Toute idée de roman addictif est bienvenue !

Céline

"Comment devenir une rock star (ou pas)", de Anne Percin

  Anne Percin, c'est une auteur que j'aime bien. Je l'ai rencontré avec Bonheur Fantôme, et je suis tombée sous le charme de son univers (et de ses personnages). Puis j'ai lu Le premier été, qui m'a mis une vraie claque et dont je n'ai pas su parler.

  Alors forcément, je n'ai pas pu résister à sa trilogie ado du moment ! Dans ses trois tomes, l'on suit les aventures de Maxime Maynard, lycéen fan de rock et doté d'un humour caustique. Abonné à la loose, il se retrouve souvent dans des situations imprévues et rock-ambolesques ! Plutôt solitaire, il a deux meilleurs potes, une adorable Mamie qui fait des crêpes, des parents assez sympas et une petite soeur agaçante. Mais c'est sans compter bien sûr sur Natacha, sa petite amie en psycho, et les énergumènes qu'il va rencontrer pour monter un groupe de rock (un flic bodybuildé, un tonton fumeur de pétards et déprimés et un certain Julius, indescriptible et coloré !).

  Bien sûr le ton est beaucoup plus léger que dans ses romans adultes, mais c'est toujours intelligent, et bien souvent hilarant. Anne Percin décrit très bien l'univers adolescent, les émotions exarcebées que l'on ressent à cette période, mais ne manque pas d'ironie sur le sujet non plus. Son héros est très attachant sous ses airs de misanthrope qui manie l'humour et les jeux de mots avec autant d'aisance que sa guitare.

  En fait c'est le genre de roman que j'aurais adoré lire à 15 ans, et sur lequel on ne tombe que peu souvent.

  Trois tomes de plaisir et de détente, dont on ressort avec le coeur tout nostalgique et le sourire aux lèvres !

Céline

 

"Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? "'

  "Pourquoi être heureux quand on peut être normal ? ", voilà là question posée par Mrs Winterson à sa fille adoptive Jeannette lorsque cette dernière tente de lui expliquer son homosexualité. Une question interpellante, qui en dit long sur leur relation.

  Dans ce récit autobiographique, l'auteur revient sur son enfance dans une petite ville ouvrière anglaise. Adoptée par une mère catholique et abusive et un père effacé, elle a été élevée à coups de Bible et de menaces d'enfer. Mais pourtant, dès le départ, Jeanette Winterson se bat pour vivre, être heureuse, et finalement, apprendre à aimer (et à se laisser aimer). Elle trouvera sa rédemption non pas dans l'exorcisme qui lui sera infligé pour la débarrasser de son homosexualité, mais dans la littérature, les mots, et l'amour.

  Tout au long de ces 260 pages, j'ai été impressionnée par la capacité de l'auteur à conserver foi en la vie, à se battre pour la liberté et le bonheur malgré les coups infligés (elle a quand même réussi à intégrer Oxford après avoir été préalablement refusée !!!). Malgré le rejet originel, cette femme est parvenue à s'écrire sans pour autant rejeter mais en intégrant son passé. Malgré l'interdiction des livres chez elle (sa mère brulera tous ceux qu'elle trouvera sous son matelas), elle est devenue écrivain. Malgré le manque de tendresse de son enfance, elle est parvenue à aimer.

 En plus de ce parcours de vie dur, mais tellement beau, ce livre est truffé de réflexions passionnantes sur la société, le féminisme, le prolétariat... En plus d'un magnifique optimisme, cette écrivain de 52 ans a décidément de nombreuses choses à transmettre.

Quelques extraits :

"J'ai eu besoin de mots parce que les familles malheureuses sont des conspirations du silence. On ne pardonne jamais à celui qui brise l'omerta. Lui ou elle doit apprendre à se pardonner."

"L'existence n'est qu'une question de seconde chance et tant que nous serons en vie, jusqu'à la fin, il restera toujours une seconde chance. "

Et le dernier, tellement beau :

"Je n'ai jamais reculé face à l'immensité de l'amour mais j'ignorais que l'amour pouvait être aussi fiable que le soleil. L'amour aussi se lève tous les jours. "

  Vous l'aurez compris, je recommande cette lecture :-)

Céline

"D'autres vies que la mienne" de Emmanuel Carrère

   A quelques mois d'intervalles, Emmanuel Carrère a côtoyé la mort par deux fois. L'écrivain a plus tard décidé de témoigner de ces tragédies, pour les proches, la famille, et peut-être un peu, pour lui-même.  

  Le premier épisode se situe au Sri Lanka, lors du Tsunami. Alors qu'il y passe des vacances en famille, la grande vague déferle, ravageant tout sur son passage. Aucun de lui ni de ses proches n'était sur la plage à ce moment, mais un couple d'amis a perdu leur petite fille de quatre ans.

  Peu de temps après et de retour en France, sa belle-soeur succombe d'un cancer. Elle avait une trentaine d'année, trois filles, un mari aimant et se dévouait pour la cause des démunis de part son métier de juge.

  Alors il raconte. L'angoisse de la mort, le deuil, les moments sombres et banals de la vie qui s'éteint brutalement.

  La démarche de ce livre est originale. Car il se présente comme une autobiographie, c'est bien Emmanuel Carrère le protagoniste, mais ce n'est pas sa vie qui est mise en scène. C'est plutôt sa manière d'aborder la vie d'autres hommes, en restant en retrait mais avec sa sensibilité, ses propres questionnements sur ce dont il est témoin.

  La plume de l'auteur est juste, touchante, et certains passages sont beaux à pleurer. J'ai d'ailleurs eu la gorge nouée toute la traversée de ce récit.

  Seulement, l'ensemble est un peu inégal. Si certains morceaux sont d'une lumière et d'une vérité rare, certains sont parfois ennuyeux. Il manque une certaine fluidité propre au romanesque... Ah, même un beau récit vaut rarement un bon roman !

Céline

"Le caveau de famille"

  Benny et Désirée, l'agriculteur et la bibliothécaire qui sont aimés avec tant de passion, se séparent à la fin du Mec de la tombe d'à côté à cause de leurs trop grandes différences. Toujours très amoureux quand même, ils se laissent trois chances, trois seulement, de faire un bébé ensemble... Et ça fonctionne ! L'on passe donc de l'idylle amusante à la vie de jeunes parents à la ferme, les contraintes du quotidien et les difficultés financières. Car le premier bébé et bientôt suivi d'un deuxième, puis d'un troisième, puis...

  J'avais laissée Benny et Désirée il y a quatre ans, et je gardais de ce couple un souvenir pétillant et touchant. Ils parvenaient à parler de leur différence avec humour et leur façon de s'aimer malgré tout m'avait paru très belle. Entre temps, j'avais lu Les larmes de Tarzan, et j'avais passé un très bon moment aussi. Parce que j'aime bien Katarina Mazetti, c'est de la chick litt, mais avec des poils et sans verni. Du coup ses écrits me procurent un vrai plaisir, ça réchauffe mon côté fleur bleue sans m'agacer avec des simagrées à la Bridget Jones.

  Bon alors forcément, je ne m'attendais pas à trouver 200 pages de récriminations d'un couple débordé par le quotidien, et que plus rien ne lie, si ce n'est les enfants. L'alternance des points de vue qui apportait beaucoup de fraîcheur dans le Mec de la tombe d'à côté n'est ici qu'un prétexte aux reproches et à la frustration. C'est assez éprouvant de venir à bout de ce roman. Ca ne rassure pas sur la capacité d'un couple à tenir sur la durée, à affronter les problèmes main dans la main (quand Bennie et Désirée sont confrontés à l'accident d'un de leur fils, ils passent leurs temps à s'insulter et à se couvrir de reproches plutôt qu'à se soutenir).

  Mais surtout je me rends compte que j'ai été assez agacée par cette lecture. J'ai eu un vrai sentiment de décalage, de me retrouver dans une autre époque. Bennie ne sait pas appuyer sur le bouton "on" de la machine à laver, ni même faire cuire un oeuf. Il songe un moment à mettre sa femme enceinte une fois de plus pour qu'elle reste bien sagement à la maison à traire les vaches. Désirée finit par accepter de mettre ses ambitions professionnelles de côté, d'y garder juste un pied et d'attendre que son moment vienne, quand les enfants seront grands. C'est surtout ce dernier point qui m'a choquée, les enfants sont un peu vus comme une fatalité, oui on les aime mais il nous tombe dessus par accident (un accident peut arriver tous, mais trois ????). Alors un petit conseil : quand tu as la tête dans le guidon et zéro moyen financier, prend la pilule !!!

  Bref, je ne suis pas parvenue à plaindre nos deux tourtereaux transformés en bobonne et vieux râleur, car j'ai vraiment eu le sentiment qu'ils étaient prisonniers d'une situation dans laquelle ils s'étaient eux mêmes fourrés, et qu'ils ne faisaient rien pour essayer d'en sortir. Trop de récriminations, et pas assez de revendications à mon goût !

Céline

"L'abandon du mâle en milieu hostile", de Erwan Larher

  Un  adolescent libéral et studieux issu de la petite bourgeoisie dijonnaise. Une jolie punk rebelle et intelligente. Il la déteste, mais ne peut vaincre le désir croissant qu'il ressent pour elle. Voilà, on a une histoire d'amour à la Virginie Despentes, un roman frais et léger plein d'autodérision et qui se fout des conventions. Mais il ne faut pas se fier aux apparences, même après une centaine de page, un roman peut en cacher un autre...

  "Il va bien falloir que j'en parle"... Si ce n'était cette petite phrase qui scande le livre, l'on ne verrait rien arriver, nous non plus. Malgré leurs différences, les deux héros s'installent dans un amour quotidien et merveilleux. Elle l'initie aux plaisirs charnels, au non conventionnel. Trop heureux, il n'ose pas se demander pourquoi elle l'a choisi lui. Il devient notaire comme papa, elle devient écrivain pour continuer à faire vivre ses idéaux. Il semble être le pendant nécessaire à son énergie créatrice. Trop heureux oui, pour se poser plus de questions.

  Captivé par les premières pages si drôles, puis la déclaration d'amour si belle, si tendre, on ne s'en pose pas trop nous non plus. On se laisse bercé par le doux clapotis de la rencontre, de la vie commune. Et pouf, tu tournes un page et tout explose. Je n'en dirai pas plus, j'en ai déjà peut-être trop dit, d'ailleurs, mais waouh, ça décoiffe !

  Je ne peux que recommander ce roman, j'ai tout aimé dedans : le récit, la façon dont il bascule, l'écriture vive, toutes les réflexions qu'il engendre. Car il s'en dégage de nombreuses pistes, sur l'amour, la connaissance que nous avons des gens qui nous entoure, notre société consumériste et conformisme, l'engament, la révolte. Notre place en tant qu'homme dans le monde.

  Un immense merci à Babelio et aux éditions Plon  pour ce roman qui fut un véritable coup de coeur !

 

Petite phrase piochée et aimée :

" Pourquoi le quotidien tuerait-il l'amour puisque précisément l'amour ne se vit qu'au quotidien ? "

Céline

 

 

"Le sermon sur la chute de Rome", de Jérôme Ferrari

  Mathieu et Libero, amis d'enfances, décident de claquer la porte de la Sorbonne et des prestigieuses études philosophiques pour reprendre un bar dans un petit village de leur Corse natale. Déçus par la superficialité du monde universitaire, ils veulent retourner à des valeurs simples de petits commerçants, et faire selon les préceptes de Leibniz "le meilleur des mondes possibles" de leur bistrot. Avec l'aide de jolies serveuses enjouées et de la bonhommie des hommes du coin, le troquet devient pour eux la preuve de l'amour sur terre. Seulement c'est l'adage de Saint-Augustin qui les rattrapera, et ces jeunes hommes idéalistes seront bientôt l'exemple vivant que "toute entreprise humaine est vouée à la décadence".

  Le récit de ce projet - et de sa chute- n'est pas le seul fil conducteur de ce roman. Nous découvrons en parallèle l'histoire du grand-père de Mathieu, Marcel, qui espérait vivre l'aventure dans l'Empire coloniale et n'y découvrira que maladie et déceptions.

 Non, il n'est pas de monde sans destruction dans le livre de Jérôme Ferrari.

  Et quel écrivain. La plume est belle, pleine, les phrases amples et rythmées. Je me suis plongée dans le style de l'auteur avec délice, prenant plaisir à relire certains passages uniquement pour leurs musicalités.

  Par contre, et malgré le sujet que j'ai trouvé passionnant, je n'ai pas réussi à m'identifier aux personnages, à me sentir partie prenante de l'histoire. Comme durant un cours théorique, je suis restée sagement en dehors, à prendre des notes. Certaines scènes auraient pu m'arracher des torrents de larmes mais les personnages restent trop théoriques. On sent qu'ils ont été créés pour soutenir une thèse. Dommage ce manque d'incarnation, car l'auteur tenait un chef d'oeuvre. 

  Jérôme Ferrari est certainement un très bon professeur de philosophie, sans aucun doute un écrivain de talent, mais ici un romancier peu convaincant.

  Un conte philosophique qui n'a pas su me prendre aux tripes, mais qui m'a donnée envie d'aller faire un tour dans l'oeuvre de l'auteur...

 Céline

"Room", de Emma Donoghue

  Jack a 5 ans. Il vit avec sa Maman dans une chambre, "La chambre", dont il n'est jamais sorti. Son univers s'est construit à travers le prisme de Madame télé, entre Madame table, Monsieur lit, Petite piste et surtout, les bras réconfortants de sa maman. Sa maman, séquestrée il y a 7 ans par Grand Méchant Nick, et retenue en captivité depuis. Sa maman, pour qui il est tout, qui ne survit que grâce à lui, et organise ses journées de façon la plus "normale" possible.

  Jack, qui est le narrateur de ce roman, est un petit garçon intelligent et débordant d'imagination. A travers son regard d'enfant, nous découvrons son quotidien dans un espace confiné, un quotidien étonnamment ludique et agréable. L'amour entre la mère et l'enfant est si fort, si fusionnel qu'il parait sublimer l'horreur de la situation. Si ce n'est les passages nocturnes de Grand Méchant Nick, durant lesquels Jack est enfermé dans le placard et compte les coups du lit contre le mur pour s'endormir, et les déprimes passagères de sa maman, on croirait presque à un conte de fées.

  Mais un jour, motivée par une dure remontrance de Grand Méchant Nick, la mère de Jack trouve enfin la force d'organiser un plan d'évasion. Mais si un petit Jack bien  courageux parvient à libérer sa mère des griffes de son ravisseur, il devra dans le "Dehors" affronter des peurs bien plus grandes encore. Nostalgique de la fusion rassurante qu'il vivait avec sa mère dans "La Chambre", Jack devra trouver en lui la force de découvrir un monde parfois hostile...

  Si ce n'est par les éloges dithyrambiques piochées sur de nombreux blogs amis, je ne me serais jamais plongée dans ce genre de lecture. Le sujet me paraissait bien trop glauque, trop difficile pour mon coeur de jeune femme et maman. J'aurais eu bien tort car ces pages m'ont transportée et bouleversée !

   La naïveté et la fraicheur de Jack apporte à la fois force et légèreté au roman, et je trouve que l'auteur a réussi a traiter du sujet sans trop de noirceur. L'histoire est lourde pourtant, mais l'enfant rend la réalité plus colorée.

  Jack est un personnage extrêmement attachant, et son histoire déclenche beaucoup de questions sur la relation mère enfant, même dans un contexte tout autre : la difficulté de les protéger du monde extérieur tout en les y préparant, l'amour infini mais aussi le besoin de liberté que l'on peut ressentir...

  Merci aux blogueurs qui m'ont donnée envie de lire ces pages si belles et captivantes !

Céline