ENLIVREZ-VOUS !

Le jeu des titres 2014

  En me promenant sur les blogs, j'ai lu plusieurs réponses au jeu des titres et je trouvais le résultat souvent amusant et même parfois poétique ! J'ai eu envie de me prêter au jeu et de répondre à ces quelques questions par les titres de mes livres lus en 2014... 

 1) Décris-toi : Pas assez pour faire une femme

2) Comment te sens-tu ? Comme la grenouille sur son nénuphar

3) Où vis-tu actuellement ? Terrienne

4) Si tu pouvais aller où tu veux, où irais-tu ? Sur la plage de Chesil

5) Ton moyen de transport préféré : Il était une rivière

6) Ton meilleur ami est : Le confident

7) Toi et tes amis vous êtes : Comme les amours 

8) Comment est le temps ? La femme gelée

9) Quel est ton moment préféré de la journée ? Et nos yeux doivent accueillir l'aurore

10) Qu'est la vie pour toi ? La fabrique des illusions

11) Ta peur : Peine perdue

12) Quel est le conseil que tu as à donner ? Réparer les vivants

13) Pensée du jour : La mémoire est une chienne indocile

14) Comment aimerais-tu mourir ? Dans le silence du vent

15) Les conditions actuelles de ton âme : La légèreté

16) Ton rêve : Le bonheur national brut

J'ai lu en flânant les réponses de Aifelle, Kathel, Noukette et Papillon !

Céline

"Le vase où meurt cette verveine", de Frédérique Martin

  Après cinquante-six ans de vie commune, Joseph et Zika s'aiment toujours aussi passionnément. Mais les problèmes de coeur de Zika les contraignent à quitter leur maison et à vivre séparés. Joseph se rend chez leur fils Gauthier, tandis que Zika se fait soigner à Paris et partage le petit appartement de leur fille Isabelle. 

  La séparation est douloureuse pour les vieux amants, et ils puisent dans les mots d'une correspondance effrénée le réconfort qu'ils ne peuvent plus trouver dans leurs petites habitudes et dans la chaleur de leurs corps réunis. Persuadés de se retrouver très vite, ils sont confrontés aux bouleversements de la vie de Gauthier et aux reproches insensés d'Isabelle... 

  J'ai été happée par l'amour si touchant de Joseph et Zika, par leurs coeurs toujours palpitants, leurs petites crises de jalousies, leurs grandes déclarations. La tendresse qui se dégage de leurs lettres fait rêver, qui ne voudrait pas aimer encore si fort après plus de cinquante ans de couple ? 

  J'ai été troublé par le mal être des deux enfants, l'un qui s'est construit une vie parfaite mais n'assume pas ce qu'il est, l'autre qui accumule les rancoeurs de l'enfance et reproche à ses parents leur amour si exclusif. Petit à petit, l'on sent l'inversion des rôles et la prise de pouvoir des enfants sur leurs aïeuls. 

   La tragique perte d'autonomie de deux êtres, l'amour d'une vie mis à mal par une séparation forcée sont merveilleusement décrits dans ce roman épistolaire. Un petit bémol cependant, je n'ai pas cru à la fin du roman. Alors que l'émotion me nouait la gorge toute ma lecture, je suis restée de marbre lors de la scène où tout bascule. L'auteur va trop loin dans l'horreur pour rester crédible, et ce qui jusqu'ici tenait d'émotions humaines communes à de nombreuses familles devient à mes yeux du ressort de la maladie psychiatrique. 

  Un roman beau et juste sur la vieillesse et les relations familiales. 

  Pioché chez Noukette et Laeti

Céline

"De quelle misère intime un enfant peut-il tirer grief à ses parents de trop s'aimer ? Il ne devine pas qu'il ne leur reste rien après son envol, s'ils n'ont pas su préserver leur désir de vivre à deux."

  "Dans leurs premières années, les enfants ont un don pour nous pardonner. Sans leur bienveillance, nous ne traverserions pas l'épreuve d'être parents. Ils ignorent nos faiblesses, nous croient sur parole et espèrent en nous, plus que nous-mêmes. Sans lucidité, cette loyauté finit par les asservir, ou bien elle les écrase et dévore toute leur capacité de confiance. Il faudrait dire aux enfants qu'ils ont des attentes démesurées, que les hommes sont trop vulnérables pour se hisser à l'égal d'un dieu. Les prévenir pour qu'ils puissent passer à autre chose et laisser derrière eux les indésirables. Les éparpiller comme des petits poulets en leur criant : je ne suis pas celui que tu vois ! Jeter le grain plus loin que soi. Mais, pour cela, il faudrait s'armer d'un courage immense et renoncer à se sentir merveilleux. "

"Une part de ciel", de Claudie Gallay

  Quelques semaines avant Noël, Carole quitte Saint-Etienne pour le petit village des Alpes qui l'a vu grandir, le Val-des-Seuls. Elle y retrouve Philippe, son frère garde forestier, et Gaby, sa petite soeur qui fait les ménages dans un hôtel. Tous trois attendent Curtil, leur père qui vagabonde, ne répond jamais au téléphone et annonce depuis toujours son retour en envoyant une boule à neige.

  Du gîte qu'elle occupe au bar de Frankie, Carole traduit une biographie de Christo, tissent doucement de nouveaux liens avec ses proches et revient sur la tragédie qui a marqué leur enfance.

  Il ne se passe pas grand-chose dans les romans de Claudie Gallay. Le temps s'écoule lentement, au rythme de la vie à la campagne. Le style très descriptif de l'auteur, sa façon de détailler chaque geste de la vie quotidienne avait fini par me lasser de ses histoires. Pourtant, ici, j'ai trouvé que ce rythme un peu particulier servait parfaitement le propos. Il rend bien les sensations d'hiver, laisse le temps aux émotions d'émerger et aux personnages de s'incarner. 

  Car sous les gestes du quotidien, c'est bien du destin d'êtres humains que nous parle Claudie Gallay. De leurs erreurs, de leurs errements, et de leur part de ciel. 

  Un roman sobre, qui comporte certes quelques longueurs mais m'a beaucoup touchée. 

  Brize m'avait donné envie de renouer avec l'auteur par ce titre !  

Céline

 "- On a beau faire, s'apitoyer, compatir, essayer de comprendre, on ne peut jamais vraiment ressentir la douleur qu'éprouve l'autre, ni dans sa tête ni dans son corps...Et sans doute que c'est mieux ainsi. 

   - Pourquoi ?

   - Parce qu'on ne pourrait pas supporter de vivre si c'était autrement." 

 

En toute originalité : bonne année !!!

  Et voilà 2014 s'efface me laissant deux trois kilos en trop post festivités, des souvenirs de tous acabits et quelques 65 livres lus. 

  65 livres c'est peu pour beaucoup d'entre vous, mais c'est pour moi le signe que ma poulette grandit et que doucement la littérature reprend ses pleins droits dans ma vie :-) Le temps de la lecture s'étire à mesure que la ptite princesse gagne en autonomie ! 

  Blogueurs addict, blogueurs intermittents, ex blogueurs, ou simplement lecteurs, que les livres et le plaisir des mots continuent de vous accompagner en cette nouvelle année !

En 2014, quelques titres m'ont particulièrement touchée au coeur :

- Jaume Cabré, Confiteor

- Maylis De Kerangal, Réparer les vivants

- Fabrice Humbert, La fortune de Sila

- Julia Kerninon, Buvard

- Edouard Louis, Pour en finir avec Eddy Bellegueule

- Ayana Mathis, Les douze tribus d'Hattie

- Joyce Carol Oates, Nous étions les Mulvaney

- Elliot Perlman, La mémoire est une chienne indocile

- Eric Reinhardt, L'amour et les forêts

- Kathleen Winter, Annabel

D'autres m'ont réconfortée, intriguée, intéressée ou détendue :

- Jami Attenberg, La famille Middlestein

- Nickolas Butler, Retour à Little Wing

- Bonnie Jo Campbell, Il était une rivière

- Erri De Luca, Le tort du soldat

- Sophie Divry, La condition pavillonnaire

- Annie Ernaux, La femme gelée

- Pierre Lemaître, Au revoir Là-haut

- John Lanchester, Chers voisins

- Javier Marias, Comme les amours

- Ian Mc Ewan, Opération Sweet Tooth

- Edward Kelsey Moore, Les Suprêmes

- Jean-Claude Mourlevat, Terrienne

- Joyce Maynard, L'homme de la montagne

- Claire-Lise Marguier, Les noces clandestines

- Sigrid Nunez, Et nos yeux doivent accueillir l'aurore

- Alexandre Postel, Un homme effacé

- Andrew Porter, Entre les jours

- Emmanuelle Richard, La légèreté

- Keith Scribner, L'expérience Orégon

- J-Courtney Sullivan, Maine

- Natacha Solomons, Le manoir de Tyneford

- J-Courtney Sullivan, Les liens du mariage

- Karine Tuil, L'invention de nos vies

Je ne parle pas de ceux qui m'ont déçue ou laissée indifférente, j'essaie de ne garder que le meilleur de chaque année :-)

J'attends avec impatience les surprises et découvertes que 2015 réserve :-)

Avec toute mon amitié !

Céline